La médiation professionnelle, une profession d’avenir ?

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De violentes critiques s’élèvent face à la position du syndicat de la médiation professionnelle, la CPMN, qui promeut la profession de médiateur, en ayant initié l’identité des « médiateurs professionnels ». Elle préconise aussi la reconnaissance d’un droit à la médiation, de même nature que celui à l’éducation, de façon à protéger la liberté de décision, face au risque de privation de cette liberté lors des recours aux tribunaux. Ce nouveau droit pourrait faire l’objet d’une réflexion sur le plan constitutionnel.

Madame Christiane Taubira, ministre de la justice, a confié une mission en vue de structurer l’offre de médiation en matière judiciaire. Ils sont nombreux dans son entourage a tempêter contre l’existence de l’organisation professionnelle. Ils la décrient, la vilipendent, sans savoir d’ailleurs ce qu’ils dénoncent réellement, certains d’entre eux étant seulement entraînés par une lame de fond. Mais rien ne refera l’Histoire : la CPMN s’est développée depuis 2001. Un jeu de critiques consiste à donner la parole à ses contradicteurs, voire à ses détracteurs, pour la faire parler. La mission de Mme Taubira, ne parvient cependant pas à occulter l’existence de la CPMN qui contrarie le projet de tenter d’imposer une forme moralisatrice de la médiation similaire à la tentative de conciliation – autrement dit un échec programmé.

La médiation professionnelle n’est pas un instrument au service du droit, mais une discipline au service des personnes

Cette mission fait un même jeu que les autres déjà passées par là, méconnaissant le fait que la médiation, quand elle est exercée de manière professionnelle, n’est pas une instrumentation judiciaire, mais une discipline de la relation. Cette discipline intéresse en premier lieu les organisations, la qualité du dialogue social, l’accompagnement de projet, le travail en équipe, la prévention de la souffrance relationnelle au travail, etc. Et, par voie de conséquence, mais seulement par voie de conséquence, elle trouve une application très opérationnelle dans la résolution des différends susceptibles d’être judiciarisés, qui le sont ou l’ont été.

Aussi, quand on constate que les médiateurs professionnels ont des résultats vérifiables dans leurs interventions, il est légitime de s’interroger sur les raisons de cette contestation qui provient principalement des acteurs traditionnels de la « gestion des conflits ». La réponse apparait bien être dans la question.

La place de la profession de médiateur 

Oui, toute nouvelle profession bouscule. Le projet que la CPMN porte depuis une quinzaine d’années déjà, bouscule les autres professions qui revendiquent une légitimité dans l’approche des conflits. C’est vrai, on n’est jamais assez délicat avec les personnes qui se sentent bousculées. Jamais. La médiation professionnelle vient bousculer les représentations de la relation à la décision. Et nous ne nous excuserons pas.

J’ai le plaisir de dire que nous installons cette profession et que rien, dans un contexte social relativement apaisé, ne peut empêcher ce progrès de se mettre en place. Nous le développons avec plaisir et nous en offrons les avantages à nos concitoyens.

Du banc public des amateurs au fauteuil des professionnels

La médiation est comme un banc public : un grand nombre de personnes viennent s’y asseoir et certaines viennent y officier. Les professionnels bien installés dans des fauteuils passent sur ce banc en racontant pour certains qu’un mauvais accord vaut mieux qu’un bon procès. Ce banc est très fréquenté et beaucoup de gens se croisent sans forcément se voir. Ce banc public est réputé être celui des tentatives et des essais, c’est celui des lassitudes, des hochements de têtes et des attentes de mains tendues, c’est celui de la fatalité et des coups de chance.

Et les médiateurs professionnels sont arrivés, avec leur pratique centrée sur l’efficacité. Ils présentent une instrumentation issue de l’environnement d’entreprise, orientée sur le résultat. Et ils ont imaginé de faire de ce banc un fauteuil. Et ils ont créé leur profession. L’amateurisme s’en trouve bousculé. Les médiateurs professionnels répondent aux  exigences des clients qui ne sont plus les mêmes qu’avant. Sur le coup, ceux qui venaient avec gentillesse, bonne intention, exercer leur idée du bon sens et de l’équité, s’en trouvent heurtés. On leur piquerait la place. On n’est jamais assez délicat quand on bouscule des habitudes.

Mais c’est parti, la place est faite. Même si des professionnels d’autres pratiques protestent, la médiation professionnelle est en marche. Les clients peuvent identifier les compétences requises afin de les aider lors des relations conflictuelles. Les médiateurs professionnels sont des spécialistes de la relation, dans une perspective qualitative, de reprise, d’aménagement ou de rupture, et ils sont les seuls à maîtriser cette discipline.