Symposium 2025 : la Médiation Professionnelle entre dans le Siècle de l’Entente Sociale

0
4

Clôture d’une décennie, ouverture d’un horizon civilisationnel

Une décennie après la proclamation du Droit à la Médiation (2015–2025) à Bordeaux, les médiateurs professionnels se réunissent pour le Symposium 2025, événement majeur organisé par l’École Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (EPMN) et le CREISIR, en partenariat avec la CPMN, la SMP, ViaMediation et Mediateur.tv.

Le thème choisi – « L’institutionnalisation du droit à la médiation : un paradoxe ou une nécessité ? » – résume à lui seul le cœur du débat : comment garantir à chacun le droit à la médiation, sans soumettre la profession à des cadres politiques ou administratifs qui en altéreraient l’indépendance ?

Cette tension féconde, entre autonomie et reconnaissance institutionnelle (et même constitutionnelle !), est au centre des échanges des deux journées. Elle éclaire un mouvement plus vaste : celui d’une évolution culturelle et politique vers la civilisation de l’entente.

Mais déjà, sachez que nous avons réussi sur bien des points : nous avons fait basculer l’idée d’une médiation limitée par la morale, le droit et les normes psycho-sociales pour qu’elle devienne obligatoire déjà dans de nombreux contextes. Nous avons fait basculer l’idée d’une médiation confusionnelle avec la conciliation et la négociation des enjeux et des résultats. Nous avons bousculé les modèles traditionnels d’une médiation ordinale pour l’orienter vers la profession libre.

De la décennie du droit au siècle de l’entente

Derrière la clôture symbolique de la décennie 2015–2025, c’est une ouverture à long terme qui se dessine : celle du Siècle de l’Entente Sociale.

L’expression ne relève pas de la rhétorique. Elle traduit une ambition profonde : faire de la qualité relationnelle un levier de transformation de la société, au même titre que la démocratie l’a été pour la politique ou la science pour la connaissance.

Pour les médiateurs professionnels, cette vision n’est pas utopique mais opérative. Elle repose sur une méthode, une éthique, et une discipline — la médiation professionnelle — fondée sur la liberté de conscience, la liberté de décision de chacun et la reconnaissance mutuelle.

Un rendez-vous participatif et créatif

Le Symposium 2025 n’est pas une simple succession de conférences.
Il s’agit d’un dispositif collectif d’intelligence relationnelle, mobilisant des ateliers collaboratifs, des exercices de réflexion, des débats, des rituels symboliques et des productions partagées.

Les participants — médiateurs, chercheurs, dirigeants, élus, acteurs du dialogue social — y expérimentent en direct la logique même qu’ils défendent : celle du dialogue ajustatif, où chacun contribue à la construction d’une compréhension commune sans contrainte d’adhésion.

Au cœur de cette démarche : la production collective des Douze Défis du 21ᵉ siècle, véritables problèmes relationnels universels destinés à inspirer la recherche, les politiques publiques et les pratiques sociales dans les décennies à venir.

Les Douze Défis : un manifeste pour l’humanité relationnelle

Présentés comme un corpus de défis civilisationnels, ces douze énoncés interrogent les grandes tensions de la condition humaine contemporaine :

  • comment concilier liberté et responsabilité, progrès et éthique, pluralité et cohésion, technologie et humanité, coexistence et justice ?

Ces défis se liront comme autant de questions ouvertes adressées à la conscience collective mondiale.

Chacun de ces défis agira comme un repère de réflexion transdisciplinaire, invitant les citoyens, les chercheurs, les institutions et les entreprises à repenser leurs modèles d’action et de régulation.

Un projet à portée transdisciplinaire

Ces défis ne se veulent ni moraux ni politiques.
Ils relèvent d’une démarche épistémique et symbolique : formuler des questions structurantes pour les décennies à venir, comme les grands problèmes mathématiques ont stimulé la recherche scientifique.

Leur typologie — conjecturale, constructive, transpositionnelle, diagnostique ou symbolique — vise à encourager la diversité des approches : philosophique, scientifique, sociale, écologique ou technologique.

Ils ne demandent pas des réponses immédiates, mais un processus résolutoire collectif, fondé sur la méthode, l’implication et l’influence.

Une perspective universelle : la médiation comme matrice

En posant ces questions à l’échelle mondiale, les médiateurs professionnels ne revendiquent pas un pouvoir, mais une responsabilité de contribution.

Ils cherchent à révéler les tensions invisibles qui traversent nos sociétés, pour permettre à chacun d’y répondre de manière consciente et constructive.

Le Symposium 2025 devient ainsi un moment de bascule symbolique : celui où la médiation professionnelle cesse d’être perçue comme une technique de gestion des conflits pour apparaître comme une science du lien et de la coexistence, une science de la relation.

Entre la clôture d’une décennie et l’ouverture d’un siècle, la médiation professionnelle propose un nouveau récit : celui de promouvoir l’entente, fondée non sur la force, la croyance ou la peur, mais sur la conscience, la liberté et la coopération.

Pour commencer, le premier objectif est de diffuser des outils concrets pour améliorer la qualité des relations, partout, dans les fondamentaux de gouvernance, les modalités managériales, les pratiques commerciales et la résolution des différends. Cette ambition constitue la contribution spécifique de la médiation professionnelle à l’évolution des traditions sociales.