Chers collègues, chères citoyennes et chers citoyens,
En choisissant de promouvoir la profession de médiateur, profession émergente du 21ème siècle, nous faisons un choix audacieux et novateur.
Ce choix reflète l’ambition d’une société où l’Entente s’allie à la Liberté, grâce au développement de notre nouvelle profession, fondée sur l’usage actualisé des outils de la raison.
En effet, l’Entente et la Liberté sont deux pratiques essentielles au sens que nous donnons à la vie.
Toutefois, il ne suffit pas d’en proclamer le droit ou de célébrer leur émergence. Les déclarations, comme les intentions, ne suffisent pas.
La Liberté et l’Entente s’apprennent et doivent s’enseigner à travers la connaissance de ce qui forge la qualité des relations, ce qui constitue la qualité relationnelle, et ceux qui participent activement à ces relations.
La personne au cœur du pouvoir décisionnel
Nous sommes ici, à Abidjan, capitale aujourd’hui d’un projet formidable, pour explorer une voie essentielle pour l’avenir de la vie en société : celle de l’Entente Sociale, une voie qui dépasse le simple Contrat Social pour embrasser une gouvernance centrée sur l’individu, sa dignité, et la qualité des relations humaines.
Cette voie ne se réduit pas à un compromis de circonstances. Elle constitue un socle pour structurer les dialogues en faveur de la qualité de vie en société. Elle donne du sens à l’existence et au partage de nos parcours de vie en société.
Notre thématique, « L’interculturalité, la citoyenneté, l’éthique et l’Entente Sociale« , place la personne au cœur du pouvoir décisionnel, un concept puissant où le rôle de la profession de médiateur actualise les pensées ancestrales.
L’entente sociale par-delà le contrat social
Les trois modèles du contrat social, imaginés à la sortie de plusieurs siècles d’obscurantisme, où la raison était laissée sous l’emprise des peurs imaginaires, ces trois modèles nous enseignent que les citoyens cèdent une partie de leur liberté en échange de la protection de leurs droits, avec des obligations incomprises, mal appropriées ou arbitraires.
Mais l’entente sociale revisite ces fondamentaux culturels et va plus loin. Elle ne s’exerce pas sur des rapports interprétatifs de notions morales, juridiques ou normatives. Elle s’exerce à partir du constat de ce qui fait toute relation, de ce que fait toute relation et de ceux qui les font.
Elle s’initie dans l’entente fondatrice entre les personnes, les individus, comme base d’une discussion qui peut être permanente dans la vie en société, et comme levier d’épanouissement et de cohésion pour la conduite des projets relationnels.
C’est la reconnaissance de la primauté de l’Entente dans la création de toute relation et de toute société et de savoir comment la maintenir, l’établir ou la rétablir.
C’est pourquoi le Droit à la Médiation nécessite d’être reconnu et inscrit dans les Constitutions des pays où la liberté est affirmée comme fondamentale.
Il ne s’agit plus seulement de respecter les lois, mais de s’engager dans un changement de modèle de pensée, un changement de paradigme, qui permet à chacun de dépasser aussi l’idée confusionnelle de se reconnaître dans l’autre, ce qui est générateur de risques d’adversité, pour accueillir les différences et partager une culture d’altérité.
La dégradation relationnelle et le droit à la médiation
Nous constatons de plus en plus de tensions au sein des communautés, des organisations, et même au sein des familles, dont les repères évoluent dans le temps.
Cette dégradation relationnelle n’est pas une fatalité. Elle peut être surmontée grâce à la médiation professionnelle, que je défends ici comme un droit fondamental, par delà même l’accès au système judiciaire, lequel est précisément privatif de l’exercice de la liberté de décision.
De plus, cette instrumentation innovante ne permet pas seulement de restaurer le dialogue, d’apaiser les conflits et de recréer du lien là où le tissu social a été abîmé : elle transforme la représentation faussée que l’on a des différends, qu’ils soient des litiges ou des heurts répétés jusqu’aux conflits, en identifiant les issus propres aux projets relationnels. Elle dispense des référentiels précieux pour augmenter l’usage de la Raison.
En son centre, elle place l’exercice de la liberté, avec l’exigence de son enseignement continu pour la vie en société. Elle actualise l’usage de la conscience, de la réflexion et de la raison qui nous fait constater que tout différend s’inscrit dans une perspective résolutoire.
Au lieu d’attendre les effets du temps, autant activer l’intelligence dont nous disposons et, à défaut, de la susciter pour l’augmenter.
La reconnaissance et la relation à soi et aux autres
La nécessité de reconnaissance mutuelle est la composante majeure de l’altérité. C’est ce qui nous amène à réfléchir sur la relation que chacun entretient avec lui-même et avec les autres. Le respect de l’individu passe avant tout par un savoir-faire dans le champ de la reconnaissance.
Reconnaître l’autre, c’est reconnaître sa légitimité, son point de vue et ses difficultés, voire sa valeur unique au sein de la société.
Mais cette reconnaissance doit commencer par soi-même, en identifiant le facteur humain fait de maladresses, d’ignorances et souvent de confusions avec sa propre identité, y mêlant celle d’autrui. Il est alors possible de bien vivre avec les autres quand chacun a une relation satisfaisante avec lui-même.
Interventions auprès des personnes, des interrelations et des organisations
Ici, la profession de médiateur est un acteur clé, non seulement dans les relations interpersonnelles, mais également dans les organisations. Les tensions au travail, les malentendus dans les groupes, et les différends sociaux nécessitent une approche en altérité. Idem dans la vie politique.
Le médiateur professionnel intervient pour instaurer, restaurer ou entretenir un climat de confiance, faciliter les discussions et poser les bases d’une entente durable. Il ne s’agit pas d’effacer les différences, mais de trouver des points de convergence pour avancer ensemble ; ici réside un apprentissage culturel qui est désormais notre défi contemporain.
Une profession de médiateur au service du sens de la vie en société
La profession de médiateur est plus qu’un simple métier. C’est une vocation au service de la vie en société. Cette profession représente l’Entente. Elle promeut la dynamique contributive.
Au regard de l’évolution planétaire, elle donne un sens actualisé à la citoyenneté, à l’éthique et à l’interculturalité. Son rôle est de rappeler que la véritable gouvernance est celle qui met, non pas les négociations sur les enjeux et les intérêts, mais l’humain au centre, en facilitant le dialogue, la compréhension mutuelle, et en forgeant des relations de qualité.
Aujourd’hui, nous avons ouvert la voie vers une société relationnelle, où la profession du 21ème siècle, est devenue un pilier innovant, avec une dynamique partagée.
Ensemble, nous faisons le choix de transformer les conflits en projets, d’apaiser les difficultés relationnelles, de stabiliser les relations ou d’en accompagner les évolutions, avec une démarche d’altérité.
C’est un avenir que nous construisons, et aussi un présent où chacun n’est plus un étranger sur la planète et où la quête de l’entente devient notre force collective. Soyons, dès aujourd’hui, les acteurs de ce changement, et porteurs d’un projet d’entente, au service de nos aspirations, trop souvent compromises, mais si universellement partagées.
Formez-vous.
Nous sommes à votre disposition !
Merci à tous !