PSA, il n’est pas trop tard pour la médiation professionnelle

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L’annonce d’un giga plan social à PSA Peugeot Citroën fait surgir tous les pans cachés d’un débat qui tente d’exister depuis plus d’un an. Elle met en exergue une accumulation de maladresses, aboutissant désormais à la nécessité, pour les uns, d’anticiper des arguments de choc en prévision des critiques dont ils vont être la cible et, pour les autres, de se déclarer en « guerre », afin de préserver au mieux les intérêts de leurs mandants.

Les avantages d’une anticipation

Quelques exemples. Il y a un an, la CGT rendait publique une note de l’entreprise, selon laquelle le plan actuel était déjà planifié[1]. Le plus simple eut été, dès ce moment, déjà bien tardif, d’engager les moyens non seulement de traiter par anticipation les impacts multiples de cette vérité annoncée, mais encore d’étudier les raisons d’une telle situation et les dispositions à mettre en œuvre soit pour en limiter les effets soit, même, pour la redresser. Les syndicats, en particulier, n’auraient-ils pas dû jouer, dans ces circonstances, un autre rôle dans la prévention et l’anticipation des problèmes, soit directement, soit à travers les Institutions de Représentation du Personnel ? L’entreprise s’en est bien gardée, adoptant, à l’inverse, la tactique de la dénégation massive… Sans doute, elle n’en était pas capable. Peut-être a-t-elle aussi estimé pouvoir jouer un double coup bas politicien, en semant le doute sur le moment, dans le contexte préélectoral, et en préparant un obstacle de taille pour le nouveau gouvernement qui, indubitablement, allait être élu…

Autre exemple. Depuis longtemps, certains analystes économiques[2], confortés, d’ailleurs, par les organisations syndicales de l’entreprise[3], démontraient que les orientations industrielles et commerciales stratégiques de PSA étaient erronées et risquaient de conduire l’entreprise à décrocher sur le marché, notamment par comparaison avec le secteur automobile Allemand. Pourquoi, dès lors, ne pas effectivement s’être penché sur la question ? Pourquoi ne pas organiser études et simulations, remettre en cause les orientations adoptées, ne serait-ce que de façon expérimentale, en laboratoire, « pour voir » ? Sas doute, mais cela aurait pu entamer la crédibilité de la direction et du patronat de l’entreprise…

Exemple encore : l’argent public, englouti sans compter dans l’entreprise, sous forme de ristournes diverses sur les cotisations sociales des personnels et consenti par l’Etat sans la moindre justification, le moindre compte rendu, le moindre bilan, a fortiori le moindre engagement quant aux résultats et à la production[4] ! Une telle pratique suscite très naturellement la méfiance, le sentiment de se voir dépossédé, à travers les gouvernements successifs, au bénéfice de destinataires obscurs sur lesquels les représentants des salariés (syndicats) ou du peuple (élus) n’ont aucun droit de regard.

Dernier exemple, enfin. Philippe Varin, le Président du Directoire de PSA, a « auto-quadruplé » son salaire en 2010, le portant à 3,25 Millions d’Euros par an. Aujourd’hui, le même Philippe Varin incrimine le coût du travail en France, qui plus est en invoquant des chiffres et des données faux à l’appui de son raisonnement[5] et en éludant d’autres indicateurs, tels que le taux de productivité de notre pays[6]

L’heure de mettre un terme aux maladresses ne cesse d’arriver

Dans ce succinct exposé apparaissent en creux les innombrables faux pas, moments où une intervention de la médiation professionnelle aurait été la bienvenue, pour rétablir des relations normales, fondées sur la confiance et la transparence, plutôt que de s’entêter dans l’erreur, dans la sous-estimation des problèmes en cours et à venir. Tout cela pour aboutir à des imbroglios où les choses sont à ce point dégradées qu’il ne reste plus, pour essayer de s’en sortir, que le mensonge et la falsification ou l’agressivité et la guerre. La médiation professionnelle est un outil d’une efficacité sans faille pour, en amont du déclenchement des problèmes, permettre de les déceler et de s’engager sur des voies aptes à gérer, au fur et à mesure, les difficultés rencontrées. Elle contribue à établir le terrain le plus favorable à l’exercice des responsabilités, que l’on soit dirigeant syndical, directeur d’usine ou élu politique…

Oui ! Dira-t-on. Mais il est trop tard ! Le mal est fait et, pour autant que l’on puisse le déplorer, il ne reste plus, désormais, que l’affrontement et le rapport de force pour sauvegarder, vaille que vaille, les intérêts divers et contradictoires en présence… On peut, jusqu’à un certain point, souscrire à ce raisonnement. Comment pourrait-on en vouloir à des syndicalistes, à des experts… qui tirent la sonnette d’alarme depuis des mois et des années, d’être amers et de se trouver, aujourd’hui, acculés à la pure rancœur et à la résistance sociale ? Qui pourra raisonnablement s’étonner ? Comment pourra-t-on nier que, dans ces circonstances, le combat social est effectivement le meilleur moyen de progresser ?

Pourtant, là encore, la médiation professionnelle a un rôle à jouer, et l’on pourrait pratiquement dire que c’est son rôle de prédilection : l’aide à la résolution de conflits existants, le rétablissement de la qualité relationnelle, dans un contexte particulièrement dégradé. Ainsi, sans prétendre remplacer les acteurs en présence, experts et spécialistes et techniciens, responsables économiques et politiques, syndicalistes… Les médiateurs professionnels ont indiscutablement une responsabilité à assumer, une aide à apporter, au bénéfice, notamment de celles et ceux, quels qu’ils soient, qui se trouveront le plus gravement en danger.

Les médiateurs professionnels se tiennent disponibles et prêts à intervenir en ce sens, à la moindre sollicitation.


[1] Bernard Thibault, la Matinale de France Inter, 12 juillet 2012.

[2] PSA : le gouvernement a-t-il les moyens d’agir ?, Le Point, 13 juillet 2012.

[3] PSA : pour les syndicats, « la guerre est déclarée », TF1 News, 12 juillet 2012.

[4] PSA. Le patron de PSA reçu mercredi par Arnaud Montebourg, Le Télégramme.com, 13 juillet 2012.

[5] Samuel Laurent, Coût du travail : les exagérations du patron de PSA, Le Monde, Le Blog des décodeurs, 13 juillet 2012.

[6] « La productivité est un ratio obtenu en divisant la production par l’un des facteurs de production employé pour l’obtenir. On peut ainsi calculer la productivité du travail, la productivité du capital, des investissements, des matières premières, etc. Le terme productivité employé seul sous-entend le plus souvent « productivité du travail ». », Encyclopédie Wikipédia.