Des droits de l’Homme aux droits humains ?

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2 mars 2012.

En voyant un nouveau spot faisant la promotion de la journée des droits des femmes je ne peux m’empêcher de pondre un article qui mature depuis déjà des années, depuis 2006, date à laquelle j’ai intégré l’association Les Papas = Les Mamans. Des membres de la ligue des droits de l’Homme ont réagi à mon article en me disant qu’il était inconcevable d’imaginer changer la déclaration des droits de l’Homme en déclaration des droits humains. Pourtant 50% de la population est laissée de côté de facto, à l’écrit et si l’on y prend garde, on comprend qu’il s’agit de l’humanité dont il est question et non l’affirmation d’une société patriarcale par des masculinistes extrémistes. Mais… à l’entendre, l’effet est différent, parfois on met un accent tonique sur le « o » de Homme afin de signifier l’élévation du terme mais rien n’y fait, quand on me parle d’homme je ne vois pas la représentation de l’humanité.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » – Albert Camus

C’est ainsi que la médiation entre en jeu, mal nommer les choses c’est ne pas reconnaitre les choses, les nier, les inférioriser. Ce jugement de valeur dichotomise l’humanité en digne d’intérêt (l’homme) et l’implicite, secondaire (la femme). Si l’on veut rassembler au sein d’un même projet de société tous les membres qui la composent on ne commence pas par les mettre dans des cases qui s’opposent mais on les reconnait dans leur universalité. L’homme, la femme, c’est d’humanité dont il est question.

22 mai 2015

Je vois passer par hasard sur twitter une alerte sur « droits humains », je suis le lien, curieux, intrigué, enthousiaste et je prends connaissance d’un mouvement pour la reconnaissance des droits humains en lieu et place de droits de l’Homme. Bien sûr, pas de dogme dans cette pétition, le passé ne peut être changé, mais le présent et l’avenir peuvent évoluer. Il est question de changer les noms d’institutions modernes, même si la Ligue des Droits de l’Homme peut légitimement s’opposer à ce qui fait son essence et pour elle-même.

Je me dois de partager avec vous l’argumentaire qu’ils développent sur leur site, il fait partie du débat :

1. L’expression « droits de l’Homme » est porteuse d’une histoire de discrimination sexiste

2. L’expression « droits de l’Homme » invisibilise les femmes, leurs intérêts et leurs luttes

3. L’expression « droits de l’Homme » perd le plus souvent sa majuscule incluante

4. L’expression « droits de l’Homme » est ambigüe

5. L’expression « droits de l’Homme » n’est justifiée par aucun principe linguistique

Catherine Coutelle, Députée de la Vienne, Présidente de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale l’affirme dans le Parisien : « Ce combat que vous menez est loin d’être simplement « symbolique»»

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » Albert Camus

2 mars 2012, je conclus mon article par « Que cette journée des droits des femmes soit la dernière nécessaire et que l’an prochain nous puissions enfin célébrer une seule journée : la journée des droits humains. »

Quand pourrais-je écrire : « le 8 mars : journée de célébration des droits universels humains » ?

6 Commentaires

  1. Intéressant Jérôme cette idée des droits Humains. Quelle noble cause!… traitement situé au dessus d’un nid de coucou…je dis cela avec ironie car il ne semble pas facile d’agir. Ici vient se greffer des affaires hautement diplomatiques au niveau international et certains contextes politiques semblent cloisonnés pour changer quoique ce soit à ce titre. Cependant, en avoir l’idée, et éveiller la question est une première marche à l’égalité des êtres humains sur ce petit bout de quelque chose que nous appelons « Terre »…

    • Bonjour Laurent,

      Je suis idéaliste mais j’ai les pieds sur terre, je ne verrai peut être jamais le jour que j’appelle de mes voeux, quand bien même, je me positionne pour des causes qui sont justes. Le droit à la médiation en est une, les droits humains aussi…

      Je vous remercie de votre commentaire, en en parlant vous participer à la diffusion de la question pour qu’un jour d’autres puissent trouver la réponse.

  2. Bonjour Dominique, je vous remercie pour ce rappel historique, Marie Gouze de son vrai nom était révolutionnaire en effet, son accès au Panthéon retardé ne saurait faire oublier qu’elle exhortait hommes et femmes à une révolution intérieure. A la fin des droits de la femme et de la citoyenne elle concluait : « Femmes, ne serait-il pas grand temps qu’il se fît aussi parmi nous une révolution ? Les femmes seront-elles toujours isolées les unes des autres, et ne feront-elles jamais corps avec la société, que pour médire de leur sexe et faire pitié à l’autre ? ».
    La liberté de la réflexion amène une recherche d’équilibre avec la réalité extérieure. Œuvrons …

  3. En 1791, Olympe de Gouges n’écrivait-elle pas « La femme a le droit de monter sur l’échafaud : elle doit avoir également le droit de monter à la tribune »
    Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne – Art 10

    224 années se sont écoulées……

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