Les nouveaux fondamentaux du dialogue social

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Le dialogue social a pour but d’encourager l’entente entre les différents acteurs de la vie des organisations sur ce qui concerne les relations individuelles et collectives du travail. Il concerne les procédures d’information, de consultation, de concertation et la conduite des négociations. Il fait l’objet du titre 1er du livre I du Code du Travail. En le cantonnant au cadre de la loi qui l’a institué et qui entrera l’année prochaine dans sa dixième année le 31 janvier, le dialogue social pourrait être considéré comme limité aux aspects matériels et financiers des différents acteurs. Cependant, il conduit à aborder les questions de gouvernance et d’éthique où la pratique de la médiation professionnelle est d’un apport déterminant. Le fameux « facteur humain », au travers de la dynamique émotionnelle, des approches de la sensibilité, de la motivation, de la confiance, des problématiques de la prévention et de l’anticipation dans un projet, est au cœur de cette discussion qui peut soudainement s’envenimer. Le dialogue social s’ouvre ainsi à l’ensemble des implications des relations interpersonnelles, dans toutes leurs imbrications. Cette nouvelle thématique peut désorienter certains, alors même qu’ils fondent leurs interventions sur cet aspect.

Au cœur de la motivation au dialogue social

Dans ce contexte, l’usage de l’expression de « dialogue social » se trouve désormais fortement élargie. Les savoir-faire des médiateurs professionnels se révèlent opérationnels pour intervenir sur la qualité des relations et contribuer à la stabilité économique des organisations, grâce au travail qu’ils savent réaliser sur la conduite d’un projet. Pour faire face à des comportements dont la légitimité peut trouver sa source dans le flux émotionnel, les médiateurs professionnels sont les interlocuteurs adéquats : ils savent prendre en considération ce qui fonde la motivation et les relations de confiance.

Un forum sur les nouveaux fondamentaux du dialogue social

Engagés dans la promotion du droit à la médiation et du symposium de la médiation professionnelle qui se tiendra cette année dans la capitale des Gaules, les médiateurs professionnels organisent à Lyon, le 13 janvier prochain, un forum sur les nouveaux fondamentaux du dialogue social. Par delà la culture du compromis qui pourrait être l’objectif de la démarche globale, l’idée est de sensibiliser le tissu économique et professionnel de la région Rhône-Alpes Auvergne à la qualité relationnelle qui constitue la technologie de la médiation professionnelle.

A l’ordre du jour, les questions des acteurs et des préconisations directement opérationnelles

Le dialogue social est revisité avec les outils de la médiation professionnelle. A l’ordre du jour, des actions réalisées partout en France, avec des entreprises de différents secteurs, des administrations, des banques, les questions des directions d’entreprises et des syndicalistes sur le rôle des médiateurs professionnels ; les médiateurs professionnels à demeure, au service des personnes au sein des organisations. Les préconisations répondent aux exigences des directives européennes, des accords nationaux interprofessionnels, de la législation française et des jurisprudences les plus récentes. L’offre est dynamique au sein du mouvement constant du projet managérial.

Les Espoirs de la Médiation et Dispositif de Médiation Professionnelle Interne – DMPI®

Plusieurs acteurs du dialogue social ont été distingués par les « Espoirs de la médiation ». Ces trophées ont pour but de primer l’implication dans l’amélioration de la qualité relationnelle au sein d’une organisation. Dès la première année, en 2012, la société Breger avait été distinguée. Puis l’année suivante, SICOVAL (Toulouse) innovait avec un système de médiation destiné à améliorer les relations internes. Le comité d’entreprise de la clinique Fonvert d’Avignon-Nord avait aussi fait l’objet d’une distinction pour son choix de promouvoir la médiation. En 2014, l’URSAFF d’Ile-de-France a mis en place un dispositif de médiation professionnelle interne – DMPI®. En 2015, le syndicat CFE-CGC Aquitaine a choisi de promouvoir la médiation pour l’amélioration du dialogue social et la société Boehringer Ingelheim a aussi mis en place un DMPI®. Autant d’entreprises, de représentants de la direction, de syndicalistes, de représentants des IRP à être convaincus de l’intérêt de la médiation professionnelle pour en adopter les techniques et processus en vu d’améliorer les conditions de travail, par l’adoption des savoir-faire en ingénierie relationnelle.

Quand pouvez-vous faire appel à un médiateur professionnel

La vie d’entreprise présente des contextes difficiles où l’intervention d’un médiateur professionnel peut être la mieux adaptée. Plusieurs moments de la vie d’un salarié au sein d’une organisation peuvent nécessiter l’intervention d’un médiateur professionnel. Dans l’élaboration et la conduite de projet, par exemples, les dérapages relationnels ne sont pas rares. Les stratégies des acteurs restent parfois énigmatiques ou peuvent sembler contre-productives ; l’incompréhension est l’une des premières règles des mésententes et des affrontements. Les situations professionnelles entre collègues, collaborateurs, les rapports avec les clients ou les fournisseurs, autant de relations qui peuvent dégénérer du quiproquo aux conflits. Parfois, l’imbroglio provient de la vie personnelle entrée en interférence avec la vie professionnelle. Les rapports de force participent de la déconstruction relationnelle, charge au médiateur professionnel d’aider chaque protagoniste à trouver la motivation pour démêler les composantes de l’adversité.


Il peut intervenir aussi bien à la demande de l’employeur qu’à celle du salarié, sur proposition de l’un des acteurs sociaux. En, cela, la médiation professionnelle instrumente de manière renouvelée le dialogue social. Elle vient en enrichir les fondamentaux et, avec elle, le mot clé n’est pas une expression économique « gagnant/gagnant », mais une posture relationnelle  éthique, celle de l’altérité.

La médiation professionnelle dépasse les formes conciliatrices, moralisatrices, juridiques de la médiation

Le « médiateur professionnel »  n’est pas à confondre avec tous les médiateurs que l’opportunité ou la législation fait pousser un peu partout. L’usage du mot médiateur recouvre de nombreuses conceptions de la médiation. Quelles différences entre « médiateur » et « médiateur professionnel » ? Les « médiateurs » sont souvent des mandataires (ils préconisent des solutions), des conciliateurs (ils proposent leur solution), ou des arbitres (ils imposent leurs décisions). Les médiateurs ne sont professionnels que formés à l’EPMN. Le « médiateur professionnel » est membre de la seule organisation représentative de la médiation professionnelle : la CPMN. Le médiateur professionnel est associé à la culture du dialogue, ces discussions souvent devenues inimaginables. Il est un spécialiste de l’anticipation des affrontements. Il sait intervenir à tout moment de la judiciarisation des différends. Il favorise l’apaisement des antagonismes et le retour à une réflexion centrée sur le projet dont elles se sont détournées. Le médiateur professionnel conduit le démontage méthodique de la construction conflictuelle. Il assure l’identification des divergences émotionnelles et celles fondées sur les intérêts. Il fait travailler sur les positions et les changements de point de vue. Le cas échéant, le médiateur professionnel favorise le retour à un état d’esprit de contribution et de co-construction.

La médiation professionnelle ne « gère » pas : elle promeut la qualité des relations et vise la résolution des différends

Ce professionnel n’est pas un praticien de la « gestion des différends ». Il ne fatalise pas sur l’idée que les conflits ne peuvent qu’être gérés et qu’il faudrait rechercher à en sortir gagnant-gagnant. D’un conflit, on n’en sort que le moins perdant possible, le « gagnant/gagnant » est aux dépends de l’absent du tour de table.

Le médiateur professionnel est un expert de la relation. Il n’est pas juriste, ni psychologue ni spécialiste technique du différend. Son domaine est celui de « l’ingénierie relationnelle ».   Il connaît les mécanismes des conflits et les différences d’issues dans la gestion et dans la résolution. C’est ce qui fait la performance de cette démarche : toute émotion, de la plus violente à la plus enthousiaste, se régule à un moment ou un autre ; soit on laisse faire, soit on intervient, soit on gère soit on résoud. Un savoir faire est donc identifiable et c’est précisément le champ disciplinaire des médiateurs professionnels.

Qu’est-ce que la médiation professionnelle ?

Les médiateurs professionnels ont comme champ d’intervention les relations humaines. Leurs compétences résident dans l’identification des composantes de la qualité en relation, des processus de dégradation des relations, des mécanismes conflictuels et de la restauration relationnelle. Ils interviennent au sein des organisations dans la conduite des projets, l’accompagnement des changements, l’anticipation de la dégradation relationnelle et, logiquement, dans la résolution des différends. Cette nouvelle profession excelle en tant que pratique transversale dans l’évolution du management et le mieux vivre au sein des organisations. Ils participent à la restauration de la confiance et la transmission des savoir faire en matière de reconnaissance. Ainsi, l’apport de la médiation professionnelle en matière de dialogue social n’est pas la mise en place d’une énième procédure, mais d’un élément fondateur, celui de la dédramatisation relationnelle, celui de la dynamique du projet, de la motivation à travailler ensemble, pour un partenariat fondé non pas sur l’adversité, mais sur la mise en pratique de l’altérité.

D’où provient la médiation professionnelle ?

La médiation professionnelle a été initiée dans le courant des années 1980-1990 et élaborée comme une discipline à part entière à partir de 1999, reposant sur le modèle pédagogique et rhétorique. En imaginant la profession de médiateur, j’ai écrit le premier ouvrage sur le sujet et il a été publié chez ESF : « Pratique de la médiation professionnelle », en 2001. Son développement est parsemé de nombreux évènements. On peut notamment citer en décembre 2001 : la création de la chambre professionnelle de la médiation et de la négociation – CPMN ; en 2004 : la création de l’école professionnelle de la médiation et de la négociation – EPMN, à Bordeaux ; en 2006 : l’adoption du premier code d’éthique et de déontologie de la profession de médiateur – CODEOME ; en 2008, la création du réseau ViaMediation ; en mars 2009 les premières rencontres scientifiques de la médiation professionnelle ; puis en 2012 la conception du droit à la médiation ; en 2013, la création des dispositifs de médiation professionnelle interne – DMPI, en 2014, la définition de l’ingénierie relationnelle.

Le Forum

L’ensemble des représentants d’une entreprise et au sein de l’entreprise est susceptible d’être intéressé par ce forum où la discussion est ouverte.

Programme

  • 18h30 à 19h00 : Accueil des participants
  • 19h00 : Tribune : Les nouveaux fondamentaux du dialogue social.
  • 20h30 : Clôture et présentation de l’enquête nationale du dialogue social.
  • 20h45 : Apéritif dinatoire

Animation

  • Jean Louis Lascoux : médiateur professionnel, président de l’EPMN, vice-président de la CPMN

Parmi les intervenants

  • Henri Sendros-Mila : président de la CPMN
  • Antonio Fernandes : médiateur professionnel, praticien des relations sociales
  • Fabienne Paulin Hugues : chef d’entreprise, Médiateure professionnelle
  • Jésus Rubio : médiateur professionnel externe, praticien des relations sociales
  • Christine Chavenon, médiateure professionnelle interne
  • Pierre Trahan, médiateur professionnel, accompagnateur de projet

Partenaires

  • Groupama Rhône Alpes Auvergne
  • RH-Info
  • Officiel de la médiation

Lieu

Groupama Rhône-Alpes Auvergne
50 Rue de Saint-Cyr
69009 LYON