Un accord de médiation nécessite t-il la rédaction d’un écrit ?

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La question se pose très légitimement alors même que nous ignorons tout, de ce qu’est une médiation et ce qu’elle peut nous apporter. Alors fixons-nous si vous le voulez bien, quelques bases de réflexion… à contrario, pour partir de nos référentiels habituels :

Nous sommes indubitablement dans un monde fondé sur le droit et le contrat social. En cas de conflit, le premier réflexe est donc de faire appel à la Loi et s’empresser de monter les marches d’un prétoire. Partant de ce constat, une première question émerge : qu’aurait-on à gagner ou perdre, en engageant un procès ?

Immédiatement nous répondrions « faire valoir nos droits et contraindre l’autre à respecter ses obligations ! » Si c’était aussi simple, nous ne passerions pas de mauvaises nuits, englués dans notre stress, nous ne tournerions pas en boucle en se disant que la faute est dans l’autre camp, entretenant méfiance, colère avec relents et aigreurs.

En définitive, le stress nous envahit car au fond de nous-même nous savons que nous jouons à la roulette judiciaire au risque de générer de nouvelles frustrations, nous pouvons perdre ou gagner malgré les discours rassurants de nos conseils ; en définitive, nous ne maitrisons rien et abandonnons notre libre arbitre…

Alors forts de ce constat, qu’avons-nous comme alternative ?

La Médiation Professionnelle telle que pratiquée exclusivement par les membres de la CPMN, propose un nouveau paradigme, celui reposant sur le concept d’Entente et plus vastement, celui de l’Entente Sociale :

Analysons une relation conflictualisée : de quoi se compose t-elle ? d’un élément juridique (schématiquement les droits et obligations de chacun), parfois d’un élément technique (nécessitant une expertise dans un domaine particulier) puis, d’un élément émotionnel.

Ce dernier élément est un invariant de la relation : toute action est impulsée en amont, par une émotion… et oui, nous sommes des humains avant tout !

L’élément émotionnel est un élément fondateur universel de toutes les formes de relation puisqu’il est au cœur de ce qui est la motivation, par-delà les aspects techniques (temps, matériel, argent…). Les recherches en Ingénierie relationnelle ont permis d’aborder les problématiques relationnelles comme des projets non comme des procès. Elles ont confirmé le caractère opérationnel des techniques, des dispositifs, des méthodes et des processus facilitant l’aide à la décision appliquée dans la définition des projets relationnels et par conséquent la résolution des conflits.

C’est au niveau de cet élément émotionnel que tout se situe en définitive… le reste, juridique et technique suivent dès lors que le débat est dépassionné, purgé de toute dynamique conflictuelle. Les médiateurs professionnels interviennent sur les fondamentaux relationnels, avec une ingénierie d’aide à la prise de décision et de conduite de projet.

Alors…voici en définitive, ce que nous avons à gagner en optant pour la médiation professionnelle : réfléchir différemment et risquer finalement de s’en tirer à meilleur compte, dans la libre décision et maitrise de son projet de résolution de conflit…

Alors pour revenir à la question première : faut-il un écrit pour finaliser un accord de médiation ?

Vous l’avez sans doute compris … dès lors que l’entente est rétablie, la confiance est instaurée, le dialogue est renoué, les parties sont libres et font comme elles le décident ensemble. L’écrit leur permet seulement de mémoriser les termes de leur accord, de lui donner la forme juridique parfois nécessaire comme c’est le cas pour des cessions de parts sociales par exemple. Il ne va plus servir à se « couvrir » se « prémunir » des agissements supposés de l’autre. Pourra seulement trôner comme véritable symbole des principes de qualité relationnelle qui auront été définis et assimilés par chacune des personnes impliquées, une clause de médiation…

Finalement, avec un peu de réflexion, nous pouvons l’avoir notre « monde meilleur»… !!!