Savez-vous quel est le parti pris de la profession de Médiateur ?

Par les temps qui courent, chacun prend une lanterne pour tenter d’éclairer la situation. Dans ce contexte, le paternaliste est à l’œuvre et l’infantilisation bat la mesure.

Aussi, je vais vous parler du parti pris de la profession de médiateur.

Vous serez peut-être surpris ou vous trouverez que c’est évident. De la surprise, puisez donc un apprentissage et de l’évidence, retenez bien votre légitimité.
Si vous ne reportez jamais la responsabilité de l’échec de vos interventions de médiateur sur vos interlocuteurs, alors vous devriez être aussi en cohérence avec ce que je vais vous dire.

Vous avez probablement un positionnement par rapport à la situation actuelle. Cependant, vous préférez vous taire parce que vous pensez que ça ne se fait pas pour un médiateur de prendre position sur des événements politiques ? Et puis ça pourrait nuire à vos relations avec votre clientèle qui pourrait bien épouser d’autres convictions que celles que vous pourriez afficher ?

Vous pensez peut-être aussi que chaque médiateur doit avoir son quant à soi et, à bien y penser, vous vous refusez à des positions collectives d’organisation de médiateur.

Peut-être vous pensez-vous « médiateur dans l’âme » ou « médiateur naturel » pour lesquels le bon sens et une écoute améliorée suffisent à votre professionnalisation ?

Peut-être ne vous sentez vous pas qualifié pour exposer un avis et vous laissez faire ceux qui s’affirment comme tels ?

  1. Je vais donc reprendre avec vous les trois fondamentaux de la profession de médiateur et si vous en restez là où vous en êtes, quelle que soit votre formation actuelle, vous pourrez sans aucun doute revoir votre engagement dans la profession de médiateur.
  2. Je vais vous indiquer clairement ce qui distingue les deux modèles de la médiation et ce qui, entre les deux pratiques, fait la différence de résultats et de qualité des prestations.
  3. Je vais vous dire les deux volets de postures de ce qui fait la profession de médiateur, dans son exercice et dans sa justification sociétale.

Le développement de la médiation n’est pas nécessairement celui de la profession

L’idée à fait école depuis 2001, quand j’ai initié cette profession et son instrumentation.

  • Ils sont nombreux à donner des leçons aujourd’hui, leçons qui n’ont rien de pédagogique mais tout de la morale. Complétement à côté de la profession de médiateur.
  • Ils sont nombreux, médiateurs dans la tradition, à revendiquer le silence ou à se démettre au nom d’une posture qu’ils estiment être celle de la neutralité (confusion avec indépendance).
  • Ils sont nombreux ainsi à considérer que se taire face à une tyrannie n’est pas un parti pris (allégeance).
  • Il faudrait laisser une grande marge d’action à ceux qui ont la prétention d’imposer un sens à la vie (servitude).
  • Selon ce grand nombre de médiateurs traditionnels, il faudrait attendre que – peut-être – l’action de médiateurs puissent être sollicitée et qu’ils puissent intervenir pour faire entrer avec bienveillance les contestataires dans la résilience.

Là est leur conception de leur activité. Ce n’est pas celle de la Profession de Médiateur.

  • Au nom du principe de précaution, il faudrait attendre, se montrer bienveillant avec docilité.
  • Au nom de la compétence attribuée à des spécialistes, il faudrait acquiescer face à des changements d’avis, des bougeottes analytiques, des hypothèses péremptoires et néanmoins hasardeuses voire incongrues (pseudo neutralité).
  • Dans ce monde de médiation, la tradition de l’allégeance est si forte que la servitude et la servilité participent au bal. Les tiers ont l’habitude de s’incliner quand une autorité qui se proclame légitime, monte le ton.

Selon ces gens de la médiation traditionnelle qui donnent des leçons, les Médiateurs Professionnels, ne devraient pas mêler leur parole à ces voix qui s’élèvent contre l’abandon de pans entiers de liberté. Ils seraient en infraction quant à l’impartialité. Mais ils se trompent. Et cette erreur explique aussi pourquoi leur formation, sur la posture et la technicité, est inadaptée à l’exercice de la profession de médiateur.

Ceux-là n’ont de la liberté que des formules traditionnelles, des fictions et l’expérience de la longueur d’une laisse. Alors oui, sans cohérence, ils ne peuvent qu’avoir des difficultés à promouvoir la médiation. Ils ne peuvent que se plaindre de cela et attendre de la décision politique le bon vouloir d’une légitimation.

L’amateurisme et la tradition sont souvent silencieux face à la contrainte

Tous ceux qui, dans le monde de la médiation, ne disent rien aujourd’hui ou qui prennent parti pour soutenir une politique privative de liberté ne savent pas ce qu’est la posture de Médiateur Professionnel.

Nous sommes des inconditionnels de la liberté, parce que c’est l’ADN de cette profession extraordinaire, profession du 21ème siècle, promotrice de la qualité relationnelle, de la liberté de décision et de l’Entente Sociale.

Je viens de vous dire pourquoi la profession de médiateur n’est pas dans la posture des traditions où l’on s’incline et fait allégeance ; c’est incohérent avec la rigueur d’un accompagnement au bout duquel il y a une implication forte dans un projet ou une décision pérenne et libre ; alors, oui, notre profession ne peut rester silencieuse.

  • De toute évidence, la profession de médiateur n’a de sens que si elle est indépendante de toute autorité, indépendante des systèmes de tutelle. Elle ne peut se satisfaire de bienveillance et de surveillance.
  • Elle est impartiale, ce qui signifie sans parti pris au regard des enjeux et des intérêts des parties, c’est-à-dire dans le cadre de ses interventions. La décision de chacun doit être élaborée dans une perspective de liberté. L’impartialité dans la profession de médiateur est relative au cadre de l’exercice pas à celui de la définition de la profession au regard de la vie en société : elle a le parti pris de la liberté, de la participation, de la concertation, en aucune manière celui de justifier une contrainte d’adultes à adultes.
  • Outre s posture professionnelle et sociétale, le médiateur professionnel doit maîtriser les techniques d’ingénierie relationnelle. Il soutient la réflexion, de manière neutre quant à la solution qui va être élaborée. Il fait cheminer, rechercher, imaginer, envisager, structurer, organiser, résoudre, développer. Il ouvre la voie de la réflexion avec l’usage de la rationalité. C’est la garantie d’une décision commune pérenne.

Engagements de la Profession de Médiateur

Oui, la profession du 21ème siècle est un engagement éthique et déontologique, une détermination pour l’exercice de la liberté, une posture exigeante pour permettre à chacun d’inventer, d’élargir son imagination, de prospecter dans l’altérité avec la qualité relationnelle comme toile de fond.

Alors, oui, en matière éthique, la Profession de Médiateur est engagée par :
• un parti pris, celui de la liberté de décision, de l’égalité des droits et de l’altérité
• un choix d’issues, celui de soutenir l’effort d’altérité dans toutes les situations relationnelles
• une préséance, le CODEOME, le code d’éthique et de déontologie de la profession de médiateur,

Pour que cette profession puisse prospérer, elle doit promouvoir son paradigme de l’entente et de l’entente sociale. Elle doit être l’exigence de la participation aux décisions de vie. Elle est le rouage de l’exercice de la liberté de décision. C’est cela que la profession doit entretenir, garantir et le cas échéant aider à conquérir.

Quand la liberté est restreinte dans la vie sociétale, alors les personnes ne peuvent prendre des décisions en toute liberté.
Que l’on se comprenne bien, la liberté est un pilier de la profession de médiateur, c’est son parti pris. Quand la liberté est mise en cause, la profession de médiateur est touchée. Et c’est son devoir de s’élever face à ces limitations.
• C’est son devoir, parce qu’en réalité, ce n’est jamais nécessaire de restreindre la liberté, ce qui est nécessaire c’est de faire preuve d’imagination.
• C’est ce que la profession de médiateur stimule : construire, inventer, renouveler, actualiser, créer.
• C’est dans cette veine de recherche et d’incitation que s’inscrit la profession du 21ème siècle.
• Et c’est là qu’il faut rechercher les solutions, dans l’extension de l’exercice de la liberté, grâce à l’usage de la raison, avec l’imagination.
• Parce que c’est quand on est libre que l’on prend les décisions les plus sûres.

Alors j’invite les médiateurs à communiquer l’exigence de liberté et à ne pas craindre de froisser les susceptibilités avec leurs accents autoritaires. Nous ne sommes pas là pour plaire, nous sommes pour faire réfléchir et ouvrir l’imaginaire. Et nous savons que c’est un défi difficile à relever face aux entêtements de quelle nature qu’ils soient.

La médiation professionnelle est une médiation exigeante.

Elle ouvre aux inimaginables discussions, à l’altérité. Elle facilite les participations ; elle implique une posture d’appropriation de la technicité qui fait le succès des interventions ; c’est le cœur de l’intégrité de notre détermination à aider nos interlocuteurs à s’engager dans le processus que nous leur offrons.
Maintenant, à vous de choisir, entre tradition, fatalisme, acceptation, résilience dit-on, ou profession moderne, porteuse de liberté, de réflexion sur le sens et la liberté de décision.
Cette profession va sur ses vingt ans. Ils sont désormais de plus en plus nombreux à maîtriser cette pratique et cette technicité nouvelle dispensée par l’EPMN.

Ce développement est la meilleure des garanties pour promouvoir une société où l’entente, la liberté et l’altérité participent à l’animation de nos projets, de vos projets dans tous les domaines de l’existence.

Alors, par les temps qui courent, je vous remercie de maintenir, de soutenir, les postures de liberté, parce qu’il en va du sens profond de l’existence, dans l’urgence des moments présents, que nous offrons aux prochaines générations qui sauront dire ce que nous leur avons transmis comme héritage de notre conscience et de notre confiance.