Le Conseil d’Etat a organisé un colloque sur la médiation, le 4 mai 2011 à Paris

0
1186

Le 4 mai 2011, quasiment en catimini, le Conseil d’État a organisé un colloque à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, de 9h30 à18h. Ce colloque a donné le ton de la manière dont ses membres traitent le marché de la médiation. Ils font un choix de leurs invités, oubliant au passage la plupart des acteurs de la médiation, comme si leur événement allait refaire le paysage des acteurs de la médiation. Voici que la médiation n’aurait qu’une voix, celle de la CCIP portée par le CMAP qui joue des coudes pour hisser la tête au dessus d’une mêlée empêtrée dans la recherche d’influence toujours plus grande.

De la part de représentants de l’État, la démarche est pitoyable et indigne. N’y-a-t-il pas là matière à considérer que l’institution étatique privilégie la structure créée par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris ? N’est-ce pas là enfreindre les principes loyauté en terme de concurrence ? N’y-a-t-il pas une façon inacceptable de privilégier une organisation qui vend des prestations de médiation et de la formation à la médiation ?

Faut-il croire que le Conseil d’État serait privé de salles pour organiser son colloque ? Quoiqu’il en soit, le soutien des pouvoirs publics est là pour affirmer un choix d’une médiation enfermée dans une représentation juridique. Dans cette histoire, la libre décision vaut peanuts, de même que l’éthique. Voici que l’on s’arrange avec les textes, qu’on les modifie pour leur donner le sens qui convient pour l’occasion d’un colloque. Mauvais départ pour l’officialisation de la médiation. Décidément, il existera clairement au moins deux courants de la médiation : la médiation des sophistes et la médiation professionnelle.

Pour tenter de voir la qualité du travail réalisé par le Conseil d’Etat, dont le rapport si peu probant a déjà fait l’objet d’une analyse et d’une recherche, regardons le document fourni aux participants de cette événement. Force est de constater que le texte du colloque publié par le conseil d’État présente des traficotages. Les auteurs se sont arrangés avec la réalité du Code de conduite des médiateurs dit européen, parce que proposé par un groupe de travail de Bruxelles. Ce toilettage est illusoire. Dans le document du participant au colloque, on peut y trouver le texte du Code suscité. Mais il est remanié, sans indication, sans annotation, comme s’il s’agissait de l’original. Là, c’est curieusement une tromperie sur l’information. Voici le mot procédure remplacé opportunément par le mot processus. La différence n’est pas anodine. Elle permet aux auteurs de présenter un texte comme s’il faisait référence, tandis qu’il est clairement obsolète. Mais qui va s’en rendre compte ? La médiation est devenue fashion pour les légalistes. C’est un sujet d’intérêt pour la technocratie mobilisée sur un coup d’actualité.

Est-ce si terrible ? Quelles que soient les décisions qui seront prises par les groupes de travail et les instances gouvernementales, la médiation restera un outil indépendant, une instrumentation en dehors des systèmes d’arbitrage et de contrainte institutionnelle et autres. La médiation échappe à ceux qui veulent la concentrer quelque part et à leur volonté de lui imposer une façon de voir. Ce n’est pas dans ce genre de micro-événement que les choses se passent. L’essentiel se passe sur le terrain de la vie sociale et de la compétence.