Relation parent/adolescent vue sous l’angle de la médiation professionnelle

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Photos du film

Le présent article entend illustrer ce qu’est la médiation et l’apport qu’elle pourrait avoir dans le cadre des relations parents/adolescents notamment.

L’esprit de la médiation et la posture du médiateur imposent notamment :

  • une écoute inconditionnelle de l’autre, appelée également altérocentrage,
  • l’absence de questionnement, de jugement,
  • la reformulation, restitution de chaque idée, suivie de la validation du sens par l’interlocuteur
  • de surcroît, la solution doit être impérativement celle des parties, et non faite pour satisfaire le médiateur. Celui-ci est là pour accompagner le lâcher-prise des parties vis à vis de leur conflit et seules les personnes concernées peuvent, à travers le fruit de leur réflexion, trouver leur propre solution.

Dans cette idée, je vous propose de visionner un extrait de film ci-après indiqué, afin d’illustrer un très beau contre exemple : extrait du film : « L’Effrontée »

En l’espèce, Charlotte Gainsbourg serait la personne accompagnée. Adolescente, elle vit un conflit que ce soit en elle ou avec un tiers, peu importe d’ailleurs. Elle recherche un réconfort à une heure particulièrement tardive en se rapprochant de son père, Raoul Billerey, que nous observerons sous l’angle du médiateur.

L’action de ce dernier se traduit alors par l’absence d’écoute du mal-être de la partie dans un premier temps et va jusqu’à la qualifier :  » tu nous emmerdes« , « pas gentille« , « tu es insupportable« , « chiante« , « si tu continues à la faire tourner en bourrique« … De plus, le questionnement est omniprésent et il se livre à un quasi monologue. Enfin, il suggère des raisons à cet état émotionnel de sa fille et donne des solutions à son enfant pour sortir de ce conflit, sans qu’elle n’ait pu placer le moindre mot…

Seul le dernier blanc laissé par ce père laisse la possibilité à sa fille de s’exprimer, _enfin_ pourrions-nous dire. Un léger changement commence à s’opérer lorsqu’il s’adresse à elle en disant « tu…« , qu’il cesse de poser des questions, et lorsqu’il tente de trouver l’origine du problème : « pourtant avant… ».

La fin est disons « heureuse » puisqu’elle parvient à s’exprimer, mais il aurait très bien pu se voir confronter à : « de toute façon, tu ne comprends rien ! » ou à une porte qui se claque, avant qu elle ne prenne congé. Bref, la naissance d’un nouveau conflit, tant les jugements, conseils, etc…auraient pu être insupportables pour elle. Il se pensait pourtant légitime dans sa manière initiale de voir les choses, était animé d’une dynamique de bonne intention, et a agi ainsi par simple maladresse ou ignorance, pensant bien faire.

En effet l’exercice du processus de la médiation requiert à la fois une certaine posture, un apprentissage et une pratique où le simple feeling n’est pas suffisant…

Cette brève illustration ne se veut aucunement jugeante, simplement un exemple de ce qu il n’est pas opportun de faire en qualité de médiateur et afin d’éviter de devenir partie à un conflit d’ailleurs. Un bon exemple ne vaut il pas mieux qu un long discours ?

Disons qu’il s’agit d’un éclairage quant à l’apport que la médiation pourrait avoir sur les relations parfois houleuses parents/adolescents. En effet, rappelons que contrairement à la médiation professionnelle, il n y a pas d’école pour devenir parents et que c’est sans aucun doute… plus facile à dire qu’à faire !

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