Mondanité en médiation : faut-il y être ou pas ?

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Par pure mondanité, nous pouvons souhaiter être quelque part. Parfois, l’idée que c’est là qu’il faut être, nous fait douter de nos choix de positionnement. On échangerait volontiers la qualité et l’efficacité contre un moment de parade. Le goût de la téléréalité. Au bruit fait par ceux que l’on écoute, on pourrait souhaiter se joindre au tapage. Ainsi, lorsqu’Angela m’a envoyé un mail pour me signaler l’existence du journal des psychologues et de son numéro spécial sur la médiation, j’ai cherché. J’ai trouvé à la gare. En haut, au fond, la vendeuse a extirpé le numéro 288. La couverture jette à la lecture son « dossier, La médiation : enjeux et pratiques. »

Je suis cité trois fois. Je ne crois pas plus. La première fois, page 23. Le sujet : La médiation d’entreprise : une pratique d’avenir sans présent. L’auteur : Pascal Roussay, responsable APEC du développement des activités institutionnelles et partenariales. La citation tombe et doit couper court à tout futur de l’idée d’une discipline de la médiation :

Définir la médiation d’entreprise : il s’agit avant tout, du moins pour la plupart des chercheurs et praticiens, d’une méthode pluridisciplinaire d’approche des conflits collectifs et interpersonnels et non d’une discipline à part entière (Lascoux, 2008…)

La suivante concerne la négociation. Dans le même article, l’auteur attribue a Fisher et Ury les deux concepts de négociation. Parlant d’autorité, il indique :

Toujours sur le plan pratique, la médiation d’entreprise, comme tout processus de médiation, fait appel pour l’essentiel aux techniques de la négociation raisonnée ou de la négociation contributive (Fisher et Ury, 1982).

Enfin, dans une liste bibliographique de deux pages, j’y trouve :

Lascoux J.L. 2008. Et tu deviendras médiateur et peut-être philosophe… Médiateur éd.

Le dossier est globalement pauvre et malgré l’abondance de références, il en ressort que la médiation ne doit pas être traitée en dehors de la psychologie, ça serait un non-sens. L’idée du non-sens, on la connait aussi quand les ayatollahs du juridisme en parlent. Finalement, même s’il n’a fait que me citer pour me balayer, Pascal Roussay apparaît être le plus ouvert. Mais on ne sera pas étonné que cette publication n’a pas pour but d’annoncer la spécificité de la médiation. Elle n’a pas été rédigée pour marquer le terrain nouveau de cette discipline, instrumentation de l’altérité, dotée d’un processus structuré visant la qualité relationnelle et la résolution des conflits. Tous les articles restent dans la ligne pure et dure de la mouvance. Elle renvoie la médiation dans les cordes de la psychologie. Le refrain chante les louanges de la psychothérapie…