Un ministère de la médiation, de la négociation et du dialogue social …

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La Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation a proposé au nouveau président de la république François Hollande avant la composition de son premier gouvernement sous la direction de Jean-Marc Eyrault, la création d’un Ministère de la Médiation, de la Négociation et du Dialogue Social.

Il ne s’agissait pas de rattacher la médiation à la Justice, ni le dialogue social au Travail. Pour une politique claire et bien conduite, la médiation nécessite aujourd’hui d’avoir son propre ministère. La proposition de la CPMN sera peut-être transformée lors d’un prochain gouvernement. Pourquoi pas après les législatives ? Ce ministère entre dans la logique de l’évolution des rapports sociétaux. La médiation est multiple, partout dans l’organisation sociale et souvent mélangée et confondue avec les autres pratiques issues des ADR* anglosaxons. Cet état de fait la rend floue, voire invisible, alors qu’elle offre un service efficace tout en renforçant, en initiant souvent, ou en entretenant la qualité des relations entre les organisations et les personnes et entre les personnes elles-mêmes.

Ainsi, instrument au service des municipalités, des administrations, des entreprises, dans tous les domaines, dans les relations de consommation et dans les relations commerciales et de sous-traitances, dans l’environnement industriel autant que dans le domaine des services, la médiation est devenue un élément clé de notre organisation sociale.

La médiation professionnelle a poussé à la roue des exigences de qualité. L’EPMN, la CPMN et ViaMediation, les trois structures de la médiation professionnelle, ont entraîné les autres organisations sur le chemin de la professionnalisation. Mais dans cette recherche, il faut remarquer un grand absent : l’État. La seule réponse que les représentants de l’État ont su apporter jusqu’à maintenant consiste à mettre en place un diplôme d’État pour la médiation familiale, alors que la démarche n’est pas là. L’efficacité est des plus contestables, avec des résultats qui font jouer les statisticiens aux colonnes de chiffres pour arriver péniblement à 50% de satisfaction.

Il faut faire autre chose que de placer la médiation sous l’égide des systèmes existants. Il manque à la médiation une impulsion forte, la définition d’une politique générale. Comme il existe un ministère du travail, un ministère de la justice, un ministère de la santé, un ministère de la médiation serait la consécration de cette pratique de recherche de la qualité du lien social.

 Texte de la lettre :

Paris, le 14 mai 2012

Objet : création du Ministère de la Médiation, de la Négociation et du Dialogue Social

Monsieur le Président de la République,

Première organisation syndicale des médiateurs professionnels, nous avons l’honneur de vous proposer la création d’un Ministère de la Médiation, de la Négociation et du Dialogue Social.

La médiation implique l’ensemble de la société et vise un changement de paradigme, qui permet de passer d’un modèle de division et d’affrontement à un modèle fondé sur l’ouverture à l’autre. Elle tend à créer, entretenir et développer des relations de confiance, de proximité et de respect des personnes. Elle vise à renforcer la qualité de l’implication citoyenne. Elle favorise le dialogue qui doit être animé entre le monde politique et les organisations professionnelles et syndicales.

La médiation est une réponse aux échecs et carences des systèmes d’autorité. Il est risqué de laisser cette grande orientation être accaparée par des spécialistes qui n’en ont pas les compétences. Il convient de la consacrer non par un système de démultiplication improvisée comme cela s’est fait jusqu’à maintenant, mais par une politique volontaire qui reconnait au plus haut niveau la transformation sociétale qu’elle offre.

Le Ministère de la Médiation, de la Négociation et du Dialogue Social constitue une innovation dans le monde politique. En France, il est un pilier de la démocratie participative, laquelle s’oriente vers la refondation du pacte social. En Europe, il correspond à une volonté de rendre plus accessibles les institutions et de diminuer les injustices. Dans le Monde, ce ministère est un symbole de la volonté française de renouer avec la tradition d’une terre d’accueil et du bien vivre ensemble.

En vous remerciant de l’attention que vous porterez à cette proposition, nous nous tenons à votre disposition, et vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de notre très haute considération.

 

*ADR : Alternative Dispute Resolution. Dès lors que l’assistance d’un tiers intervient en dehors du système que l’État met à disposition des personnes, il s’agit d’ADR.

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Jean-Louis Lascoux
10 années plus tôt

C’est bien cela Jérôme. La réponse a été aussi que l’expression « dialogue social » était ajoutée au ministère du travail. Mais les deux notions n’ont rien à voir l’une avec l’autre. 

C’est juste une question de temps pour la mise en place d’un ministère ou d’un secrétariat d’état. L’idée est non pas de créer une autorité de tutelle, comme certains en rêve d’ailleurs, mais plutôt un instrument politique de concertation pour clarifier l’usage du terme de médiateur et de médiation dans les services publics, voire dans les organisations d’une manière générale.

Jérôme Messinguiral
Admin
10 années plus tôt

Si je me rappelle bien la réponse était qu’il n’était pas question à ce moment là de créer un tel ministère mais que la médiation était un sujet auquel ils prêtaient toute leur attention. Peut être que d’autres ont plus d’éléments en mémoire…

Philippe Jacquet
Philippe Jacquet
10 années plus tôt

Bonjour, quel a été le retour officiel de l’Élysée sur cette proposition d’un Ministère de la Médiation, de la Négociation et du Dialogue Social. Quid de l’indépendance d’un tel ministère. Quid de la gestion des différentes approches  sur la médiation qui seraient venues frapper à la porte d’un tel ministère ?