Le choix sectaire du ministère des finances pour une formation à la médiation ?

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Formation de médiateur sous l'égide du ministère des finances, sans consultation : un choix sectaire ?

Depuis le temps que je dis et que je répète qu’il est inconcevable de confier à des gens de l’Etat l’indépendance des médiateurs, la démonstration est faite une nouvelle fois. Qui est aux commandes de quoi dans cette affaire, c’est difficile à dire, mais une vaste opération d’enfumage en formation à la médiation est en cours sous l’égide du ministère des finances.

En effet, le ministère des finances est en train de mettre en place (les programmes sont mentionnés en cours d’élaboration, mais leurs maquettes déjà publiés) sans aucune consultation une formation de médiateur qu’il présente sur son site internet de manière qui peut tromper. On pourrait en effet croire qu’il existerait un diplôme d’Etat de médiateur, alors qu’il n’en est rien. Dans le programme de cette formation, on y voit apparaître des représentations psycho-thérapeutiques, comme l’analyse transactionnelle et un prétendu « code national de déontologie » qui a été créé sous l’égide de l’Institut Catholique de Paris et d’associations liées aux animateurs du conseil national des barreaux et du barreaux de Paris.

Ce choix est une préférence de partenaires économiques, puisqu’à aucun moment ce ministère, dont j’ai déjà signalé le peu de crédibilité du médiateur inter-entreprise, n’a engagé des consultations. Il est navrant de constater qu’un vocabulaire sectaire a été choisi pour le propager dans la population : le néologisme « médiés » (du curé Jean-François Six) sert à désigner les parties d’un différend ; on y découvre qu’il existerait une « typologie d’usagers mécontents » qui servirait de référentiel ; il conviendrait de « gérer les conflits », en sachant donc spéculer dessus, le médiateur pratiquerait également de la « gestion des risques psychosociaux », etc. Un mélange de conceptions issues de la morale, du droit, de la religion, des courants de psychothérapie et des statistiques inspirées de la sociologie révisées.

Dans ce parcours de formation comme dans ceux desquels il est inspiré, il n’y a aucune distinction entre l’indépendance, l’impartialité et la neutralité. La posture du médiateur professionnel est toujours aussi peu comprise et encore moins pratiquée. La revendication du « savoir convaincre les parties récalcitrantes » a déjà montré des limites quand il s’agit de partenaires directs du service de « médiation inter-entreprise ».

Cette absence de neutralité de l’Etat dans le choix de formation à la médiation permet désormais d’être encore plus clair : il est hors de question de laisser à l’Etat la possibilité de dire qui peut être médiateur ou pas. Des organes de l’Etat sont désormais en concurrence avec les autres organismes de formation à la médiation, avec un choix idéologique on ne peut plus marqué.

Attention donc, ce n’est pas parce que c’est l’Etat, que c’est une garantie de sérieux. Certains acteurs de l’Etat en lien avec l’institut catholique de Paris tentent d’imposer leur conception moralisatrice, psychologique et juridique de la médiation aux dépends de la laïcité.

L’organisation syndicale de la médiation professionnelle, promotrice d’une formation laïque, hors du champ psycho, droit et moral, avec l’EPMN, la CPMN et ViaMediation, défend les intérêts matériels et moraux des médiateurs professionnels et des usagers de la médiation des conflits en leur proposant un service de qualité avec les garanties d’une pratique rigoureuse dans le respect du Code d’éthique et de déontologie des médiateurs, le CODEOME.

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braun
braun
8 années plus tôt

Cela va être difficile de se poser en médiateur après un texte où sont égrénés des mots comme « sectaire », « inconcevable »… prêts d’intention également … on comprend pourquoi la médiation fait intervenir un tiers neutre, Je vais avoir du mal à aller présenter la médiation école EPMN après un article pareil lol

braun
braun
8 années plus tôt
Reply to  braun

juste pour préciser ma dernière phrase : « présenter l’EPMN au SG des ministères financiers »