La médiation en entreprise, effet de mode ou nouveau business model ?

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La médiation en entreprise est tendance. Pas une semaine ne s’écoule sans que l’on ne voie passer un article, une conférence, un colloque, une formation sur la médiation dans les organisations.

Cet engouement révèle quelque chose.

Peut-être y a-t-il une part d’intérêts bien compris pour les dirigeants : s’épargner le coût et la lourdeur du recours judiciaire, cultiver l’image d’un modèle de management éthique (au risque parfois de confondre l’éthique et la morale), se mettre en conformité avec des lois toujours plus contraignantes sur la souffrance au travail, le harcèlement, le stress, la non-discrimination, l’égalité.

Mais à y regarder de plus près, ces raisons n’expliquent pas l’enthousiasme des salariés eux-mêmes pour la médiation. C’est l’entreprise dans son ensemble qui est animée de mouvements vers plus de dialogue et de concertation. Faut-il y voir un effet de mode ?

Une évolution sociétale portée par des aspirations nouvelles

Dans notre monde en mutation, chacun se voit offrir des occasions toujours plus nombreuses d’exprimer librement sa créativité, de s’investir dans des projets, de rechercher de la satisfaction dans toutes ses activités. C’est une évolution sociétale portée par des aspirations à plus d’autonomie, d’implication et de confiance, une évolution qui s’invite dans tous les domaines des activités humaines, la famille, l’entreprise, l’école, les loisirs, une évolution qui se traduit de multiples façons, donnant parfois naissance à des courants de pensée pas toujours exempts de représentations idéologiques comme le « Well being », le « management bienveillant », la « Psychologie positive ».

La médiation accompagne cette transformation tout en étant elle-même traversée par de multiples courants.

Une petite histoire de la médiation sous tutelle

Pour certains, la médiation se focalise sur les conflits dans une approche « gestionnaire », c’est-à-dire selon laquelle il convient de gérer le conflit comme on gère une entreprise ou un compte en banque, avec l’intention d’en tirer le meilleur parti quand ce n’est de le cultiver.

Cette démarche se fonde sur la croyance selon laquelle le conflit est nécessaire dans l’entreprise, naturel, sain voire salutaire, qu’il permet de progresser car il est une « confrontation de personnes libres ». Elle est de nature idéologique. Le médiateur ne peut alors intervenir qu’en « gestionnaire » du conflit, sous couvert de la loi, de la morale ou du règlement intérieur, conférant à son action un caractère accessoire à l’autorité.

La médiation professionnelle, une innovation culturelle

Une autre conception de la relation s’est développé au tournant du 21è siècle et n’a cessé de s’imposer depuis : la médiation professionnelle. Selon cette approche, le conflit aliène, entrave, aveugle, prive les personnes de la liberté de réfléchir, enferme les comportements dans une dynamique de surenchère. La rigueur de cette démarche professionnelle des relations a permis une définition rigoureuse du conflit : une « confrontation de personnes maladroites ». L’action du médiateur est alors toute autre, il intervient pour « résoudre » et non pour « gérer », il place les personnes dans la perspective d’un projet relationnel durable.

Au-delà du traitement des difficultés relationnelles, la médiation professionnelle est porteuse de cette ouverture à la concertation, de cette revendication, même, de la possibilité donnée à chacun d’intervenir sur le cours de son existence et de participer aux décisions le concernant. Cette discipline a un nom : l’ingénierie relationnelle.

Un modèle économique reposant sur l’ingénierie relationnelle

L’ingénierie relationnelle est une approche rigoureuse des relations, à la fois théorique et directement opérationnelle. Elle place les techniques et outils utilisés par les médiateurs professionnels à la portée de tous les acteurs de l’entreprise.

Avec l’ingénierie relationnelle, la médiation professionnelle constitue un nouveau modèle économique misant sur l’implication, l’acquisition de compétences dont les effets sont observables dans tous les rouages de l’organisation, jusque dans ses performances économiques. Il s’agit de créer de la valeur et de la différentiation, d’agir sur la compétitivité de l’entreprise, sur sa crédibilité, son attractivité pour les futurs talents.

De plus en plus d’entreprises intègrent cette dimension dans leur business model. Les plus en pointe adoptent un dispositif spécifique, le DMPI (Dispositif de Médiation Professionnelle Internalisée), conçu pour accompagner les organisations qui mettent au cœur de leur développement économique l’implication, l’autonomie, la satisfaction de ceux qui font l’entreprise.

La médiation, effet de mode ou un nouveau business model ?

Lorsqu’elle se pare des atours de la bienveillance et de l’empathique, la médiation est, dans le meilleur des cas, une manière de « justice douce » pour maintenir les tensions relationnelles dans des limites acceptable. Dans le pire des cas, elle est une instrumentation au service de l’autorité pour amener les personnes à se conformer.

Quand elle est professionnelle, la médiation accompagne la réflexion rationnelle et la liberté de décision. Elle s’érige alors en modèle économique au service de la performance de l’entreprise. Elle implique alors de revisiter le rapport à l’autorité, d’inscrire l’éthique dans les processus décisionnels, de permettre à tous, managers et salariés, de développer des relations de qualité.

La médiation professionnelle est une démarche portée au plus haut niveau de l’organisation, par la direction générale.

Vers une économie de la connaissance

L’École Professionnelle de la Médiation et de la Négociation, centre de recherche et de formation des médiateurs professionnels, initiatrice du DMPI®, accompagne depuis plus de 15 ans les dirigeants, les managers et les salariés dans l’acquisition des compétences de l’ingénierie relationnelle. Avec l’EPMN, la médiation progresse d’une économie des services vers une économie de la connaissance.

Pour en savoir plus, deux conférences auront lieu prochainement à Lille et Paris sur ce thème. Pour vous inscrire :

  • A Lille le 4 juillet 2017 de 8h30 à 10h à l’espace Wereso, 104 rue Nationale – Inscription
  • A Paris le 5 juillet 2017 à l’Académie d’Agriculture, 18 rue Bellechasse – Iscription