Faire du bonheur autour de soi

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Dans la tradition des vœux, la sincérité est souvent soupçonnée. Ainsi, les vœux présidentiels auraient pu inspirer les révolutionnaires de 1790. A l’époque où le pouvoir royal et la religion combinaient leur domination, les vœux étaient une tradition dans les ordres religieux. Les révolutionnaires ont supprimé cette marque d’hypocrisie et de servitude. Mais les pouvoirs se sont reconstitués et le jeu mystique des vœux est revenu.

De nos jours, les vœux de gouvernance renvoie à une discussion météorologique. S’il fait beau, rien ne dit que le temps va se maintenir. Au contraire, on sait qu’une période froide surviendra un jour. Et elle risque d’être dure. Alors, en même temps, les promesses ne peuvent que relever de l’incertitude. C’est le management gestionnaire des discours d’insécurité. Appliquée à la météo, les principes politiques nécessiteraient de sortir avec un parapluie, même par beau temps.

Pour faire le point de l’année 2019, je pourrais parler de la situation de citoyens qui manifestent depuis plus d’un an chaque samedi. Ils veulent faire entendre leur voix perdues dans les urnes ou à côté.

Je pourrais parler de ces gens handicapés, éborgnés, mains arrachés par une violence décomplexée, pratiquée au nom d’une démocratie dite bienveillante.

Je pourrais parler des gens qui fuient le bout de la planète où ils sont nés. Ils sont venus mourir dans les eaux de la Méditerranée ou s’incliner sous le joug de la productivité occidentale, avec les tourments de l’exclusion.

Je pourrais parler de la loi des lobbies qui justifie l’enrichissement d’une infime partie de l’humanité contemporaine. Cette loi qui détruit océans, forêts, montagnes et campagnes, et de multiples espèces et sauve au gré des circonstances, des modes et des sympathies ; de ce libéralisme à la conscience tranquille jonglant avec l’indifférence, le mépris, la considération et la répression.

Je pourrais aborder ce jeu de la consultation illusoire par votation sous tutelle, qui autorise les politiciens à inventer des choix aux peuples consultés pour se soumettre.

Je pourrais parler de la mise à mal des systèmes de solidarité créés par nos ancêtres, riches et pauvres dans un autre temps, de retour des camps de la mort et du travail obligatoire dans les enfers du nazisme ; de la sécurité sociale dilapidée, des cotisations détournées ; des systèmes de nivellement par le bas pour les indemnisations et les retraites.

Je pourrais revenir sur ces réformes de la scolarité qui rendent illisibles les modes d’enseignement.

Je pourrais parler de la création monétaire, du détournement des épargnes, des cambriolages successifs des caisses de l’Etat, des accaparement des entreprises publiques.

Je pourrais parler des procédures feuilletonesques concernant les affairistes – B. Tapies, N. Sarkozy, I. et P. Balkany, F. de Rugy… –  et les nouveaux parvenus comme A. Benalla, et les ministres de quelques jours  poursuivis pour escroquerie et autres divertissements judiciaires : F. Bayrou, M. de Sarnez et S. Goulard, R. Ferrand, M. Pénicaud, L. Flessel, F. Nyssen, A. Buzyn, A. Kohler, J-P. Delevoye, C. Gohn… Tous ces gens exemplaires dont la plupart trompent les impôts, prétendent oublier de déclarer les conflits d’intérêts voire une partie de leur patrimoine, et parviennent à se soustraire au système judiciaire qui brime et violente les plus pauvres d’entre nous.

Je pourrais parler de ces soutiens d’une politique hautaine, usant d’une langue de roman, la novlangue d’une dystopie moderne, avec la propagation de fausses informations.

Je pourrais parler du pillage des richesses africaines par les multinationales et les représentants des pays occidentaux qui cherchent à faire croire ensuite que c’est pour l’intérêt collectif.

Alors, comme beaucoup, je ne crois plus du tout aux vœux présidentiels.

Je suis de ceux qui ont vécu, dans leur chair, des changements profonds. De l’orphelinat à la création d’une école internationale, mon parcours m’a fait voir la vie comme une construction. J’ai passé un âge que je ne pensais jamais atteindre. Je l’ai passé plus de deux fois et demi. Entre temps, j’ai initié une méthodologie, une structure de pensée, des techniques dispensées dans plusieurs pays francophones. D’un environnement d’exclusion d’où j’étais enfoncé, je me suis inventé. J’ai façonné mon existence. Mais je n’oublie pas d’où je viens. Je n’en suis pas sorti en pensant que ceux qui n’y parviennent pas sont responsables de leur condition.

Pourtant, ce n’est pas d’affrontement dont je voudrais parler, même si parfois c’est le sentiment de cette nécessité qui me semble prévaloir. Je voudrais parler du sens de l’existence, de sa fugitivité, malgré ce sentiment d’éternité qui anime un grand nombre d’entre nous, et surtout ceux qui ont l’appétit des pouvoirs.

Je voudrais parler de Civilisation, parce que nous sommes à une époque où la richesse du monde est rendue plus accessible que jamais. Et il est inutile d’en parler beaucoup, parce que les priorités sont de résoudre tout ce qui est resté précédemment sous silence.

Alors, une œuvre de médiation peut être lancée. C’est une expérience extraordinaire de mise en commun, par la tempérance des joueurs de la finance et des ogres du temps des autres. C’est un vaste concours, une exigence de contribution et de partage qui doit être soutenue.

C’est dans ce projet que j’ai inscrit la profession de médiateur, cette profession que j’ai imaginée et développée, profession du 21ème siècle. Elle a été considérée comme utopique, impossible, voire invraisemblable. Mais désormais elle se propage. Elle dépasse aujourd’hui le projet rationnel sur lequel je l’ai fondée. Je l’ai piloté hors des normes. Elle se situe par-delà les tentatives de captation. Elle s’inscrit en rupture avec les allégeances. C’est un défi face au paradigme souverainiste du Contrat Social, de plus en plus obsolète. Elle promeut à la fois l’Entente Sociale et la liberté de décision.

Alors, imaginons ensemble que la méthodologie, la raison, la technicité seront plus fortes. Maintenant, cette profession peut faire son œuvre.

Avec cette profession et les savoir-faire qu’elle contribue à propager, cette profession devient un pilier de l’organisation sociale dans une société mondialisée.

Cette année 2020, l’évènement de la médiation professionnelle sera à Strasbourg. En octobre, le Symposium de la Médiation accueille la promotion Louise Michel, devenue une emblème de la quête de la liberté et de la libre décision. C’est ainsi que j’apporte ma contribution à l’œuvre collective, de quoi dispenser du bonheur autour de soi.