Histoire mafieuse de la médiation catholique

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Tax under the old regime: a family of french peasants paying the tithe, one-tenth part of the fruit of their labor to the church, 17th and 18th centuries. Chatrian, 1888 Private Collection; (add.info.: Tax under the old regime: a family of french peasants paying the tithe, one-tenth part of the fruit of their labor to the church, 17th and 18th centuries. Chatrian, 1888 Private Collection); Photo © The Holbarn Archive.

Un peu de médiation culturelle. Vous permettez ? Un article du journal Libération parle de médiation, de règlement des différends et fait propagande de la médiation ecclésiastique, enfin catholique (qui a toujours cours et qui prédomine encore en France).

Pour commencer, un constat : le journal Libération a bien changé. L’article publié le 22.09.22 tend à faire l’éloge de l’église catholique au 17-18° siècle. A l’époque considérée, les curés auraient assuré un rôle bénéfique dans la société pour remplacer le sytème judiciaire.

Certes, des propos pondèrent l’idée générale. Il est quand même indiqué que les prêtres ont bien joué de manipulation pour se faire passer pour des médiateurs «Pour être un médiateur crédible, (le curé) doit être un ecclésiastique respecté.» (ne tournez pas le regard vers le prêtre Jean-François Six, svp, vous risquez d’être édifié !)

Poursuivons. Cet article présente des thèses d’Anne Bonzon, spécialisée dans l’histoire religieuse. Un jeu de raisonnement permet de faire l’intox. En effet, contrairement à ce qui est indiqué dans l’article, la justice n’est pas confiée à l’église catholique parce que le système judiciaire est déconsidéré. Il n’y a pas de système judiciaire, ce sont les gens d’Eglise qui décident. Et à cette époque, le pouvoir religieux est en résistance. L’église cherche à garder le contrôle de l’imaginaire divin sur la vie des citoyens. Et c’est pour faire face à la criminalité de l’organisation cléricale, qu’une organisation judiciaire est en cours d’élaboration. Bientôt, Montesquieu va écrire l’esprit des lois (1748).

Au XVII° siècle, la révolution gronde. Les révoltes paysannes visent autant la mafia seigneuriale qu’ecclésiastique. Ce n’est pas contre le système judiciaire que les paysans et les habitants des villes en ont, mais bien contre les gens d’églises. Et c’est parce que les gens d’église sont des criminels organisés que des auteurs vont rechercher une autre organisation, d’où il va sortir les deux systèmes et la séparation des pouvoirs.

Depuis longtemps les curés font la loi, violent, font brûler vifs, torturent, volent, enferment, jettent dans des oubliettes, rackettent, escroquent, dépouillent…

Il va y avoir un ultime crime des gens d’église qui va faire monter la colère populaire, enfin, celle de la petite bourgeoisie qui va faire la révolution, c’est la condamnation à mort du jeune François Jean Lefebvre de La Barre, un gamin de la noblesse pauvre qui a crié trop fort sa protestation contre le parasitisme des moines et des curés. N’oubliez pas non plus la terrible condamnation à mort de Jean Calas qui avait été lynché malgré l’absurdité des accusations portées contre lui par les inquisiteurs de l’église catholique.

Quand vous lisez Libération, vous saurez désormais que vous avez en main non pas seulement une poubelle d’information, mais aussi un canard de calotins.