La médiation, mauvaise invitée dans le débat sur le port de la burqa

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Encore une fois, la médiation est utilisée à tout va, au gré d’une illumination politique sans culture. Cette fois, c’est pour apaiser une polémique jaillie des politiques d’exclusion et des banlieues miséreuses, que la médiation est soudainement imaginée comme le meilleur sirop contre un virus qui nécessiterait bien d’autre remède.

La médiation ne sera pas magique. Elle est associée ici à une démarche répressive.

C’est utile qu’à compter de la promulgation de la loi, comme on l’avait fait pour la loi sur les signes religieux à l’école, il y ait une période de six mois, pas tant de pédagogie que de dialogue, de médiation avec les familles concernées et notamment avec l’appui des relais municipaux et associatifs sur le terrain, a-t-il indiqué.

L’idée de la médiation est d’engager un dialogue lorsqu’il y a un conflit. Quel est le conflit ? Pour qu’il y ait conflit, il faut au moins deux parties. Ici, il y a une personne à convaincre qu’elle ne doit pas porter un masque à connotation religieuse sur le visage.

Un médiateur serait le meilleur professionnel ? En fait, cette proposition rappel tout simplement le système de la médiation pénale, où, s’il y a une loi, une infraction, alors, il y a possibilité de menacer un délinquant d’une peine supérieure s’il n’accepte pas de reconnaître sa culpabilité.

Dans le cas du port de la burka, une personne qui n’accepterait pas de se plier à la moralisation faite par un « médiateur » serait passible d’une amende. Quels médiateurs se lanceront dans ce jeu de menace ? Des personnes pour qui la médiation ne veut rien dire d’autre que moralisation. Une erreur de plus.

S’il ne fait aucun doute, à mon sens, que la burqa n’a rien à faire dans notre société et qu’il s’agit d’une atteinte manifeste à l’intégrité humaine, la même absence de doute préside quant au mauvais usage du concept de médiation dans cette affaire.

Jean-François Copé, qui est à l’initiative de ce texte de loi, en s’étant formé à la médiation à un moment de son parcours, témoigne de son ignorance dans l’utilisation du terme de médiateur. Regrettable, et il ne faudrait pas que ce soit consternant, pour quelqu’un qui pourtant cherche à se faire identifier parmi les professionnels de la médiation.

2 Commentaires

  1. Tout d’abord merci pour ces remarques, à la fois limpides et enrichissantes. Sans critiquer, quelques points auraient mérité davantage de précisions, notamment dans la conclusion. Simplement une façon de dire que je suis impatient de lire le prochain billet

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