Un spécialiste de l’intervention en médiation auprès des gens du voyage et des municipalités nous a communiqué un témoignage. Il présente son expérience. D’abord, il identifie l’émergence d’un conflit. Il montre comment le litige s’amplifie. Puis indique la manière dont la médiation s’impose. Il souligne l’enjeu de l’identification de participants en capacité de décider. Il signale l’importance de l’implication des représentants légaux. Il montre combien la pertinence du médiateur, en tant qu’acteur de la reconnaissance des parties, dans leur implication, leur considération, leur sentiment de légitimité, leur maladresse et leur volonté de se faire respecter. Il montre en fait combien le professionnalisme du médiateur conditionne le déroulement de la médiation et son aboutissement. Et il témoigne clairement que la médiation n’est pas un outil de plus pour différer les conflits ou pour trouver le moyen d’avoir la paix sociale sans apporter les moyens d’une politique respectueuse.
Le contexte et l’émergence du conflit
Un grand passage de 300 caravanes (800 gens du voyage estimés) s’implantent au cœur d’une petite commune de 400 habitants en région Ile de France. La population du village triple en une journée. La mairie, estimant ne pas pouvoir faire face à cette situation seule, organise une « cellule de crise » : cabinet du préfet, communauté d’agglomération, forces de l’ordre. La médiation est aussi invitée à cette cellule. La mairie souhaite immédiatement l’expulsion de groupe, et exige le recours de tous. La préfecture promet son soutien, mais étant donné que la commune appartient à une communauté d’agglomération qui n’est pas aux normes au regard du Schéma Départemental de l’Accueil des Gens du Voyage, l’expulsion ne pourra être effective immédiatement. Une cohabitation va avoir lieu, et il s’agit d’aménager au mieux la relation durant les semaines à venir. La médiation trouve là un parfait terrain d’intervention.
Le choc des différences
Les pratiques de vie au quotidien des gens du voyages se confrontent au calme du village propre et organisé : branchement en eau sur la borne incendie et lavages des véhicules en période de sécheresse ; raccordement électrique sur le transformateur communal ; déchets ménagers engendrés (environ 200m3 en 2 semaines) ; excréments et papier-toilette aux abords des sentiers et habitations. Les gens du voyage, de leurs côtés, se plaignent des représentations négatives dont ils sont victimes, et que les installations spontanées restent leur unique recours pour suivre leur mode de vie de nomades, faute de terrains de grands passages adaptés à leur nombre et besoins.
Jour 2, la médiation s’impose
8h30. Des agents EDF doivent vérifier la sécurité du raccordement électrique effectué par les gens du voyage sur le transformateur communal, mais les agents EDF, craintifs du public et de la situation, préféreraient la présence des forces de l’ordre ou d’un médiateur. Arrivée sur les lieux, une trentaine d’agents des forces de l’ordre sont présents. Pour le maire, le rapport de force est tentant ; pour autant, la médiation considérée comme une force douce s’impose comme une méthode sans heurt. En menant une médiation entre le maire et le représentant des gens du voyage, le médiateur a permis de filtrer les éléments de la conflictualité et de valoriser les propos constructifs vers une reconnaissance des intérêts réciproques. Les parties ont assez rapidement trouvé des accords techniques en vue d’une cohabitation dans les moins mauvaises conditions pour chacune des parties : date de départ, sécurisation de l’installation électrique, gestion des déchets, participation financière…
Lire la suite sur le WikiMediation