J’avoue : je ne suis pas une fana d´internet. J’utilise la toile pour m’informer et me faciliter la vie. Mais je m’émerveille au gré d’un clic avec tous ces nouveaux pouvoirs : pouvoir commander, pouvoir réserver, pouvoir m’informer sur ce qui se passe autour de mes centres d´intérêt, pouvoir avoir des nouvelles des uns et des autres, pouvoir en donner…
Toutefois, tâche rebutante et au grand dam de mes supérieurs, je n’ouvre qu’une fois par semaine, le vendredi, ma messagerie personnelle et professionnelle, me disant que les personnes importantes savent toujours comment me contacter.
Parmi les e-mails les plus irritants apparaissent, au-delà des pseudos urgences, les notifications des réseaux virtuels, parmi lesquels netlog, desquels je fais partie sans vraiment savoir comment c’est arrivé.
Ces réseaux ne cessent de m’étonner et de m’interroger. J’ai comme beaucoup de personnes des multitudes «d’amis» qui exposent leur vie de manière compulsive dans ces « big brother » planétaires incontrôlables, manipulables comme dans un «Ministère de la vérité».
C´est peut-être désuet de ma part, je continue à préférer les relations les yeux dans les yeux, la lecture d´un bon livre, les bavardages interminables aux terrasses de cafés, les vagabondages par monts et par vaux et préserver certaines dimensions qui sont devenues pour beaucoup un luxe : le temps, la solitude et la disponibilité relationnelle.
Je transporte, dans mon quotidien professionnel, trop d’histoires de vie pour investir dans les relations virtuelles dont l’adhésion découle, selon ce que j’observe, de trois grandes motivations, centre des conflits de ma dernière médiation :
* autopromotion d´une personne ou entité ;
* contrôler et manipuler la vie des autres ;
* promouvoir ou maintenir des rencontres sexuelles.
Félicitations Monsieur Orwell et bienvenu au Ministéres de la Verité, de la Prospérité et de la Paix (Miniver) version 2012. Quel génie d´avoir prevu, en 1948, le contrôle de relations humaines au niveau planétaire, l’illusion de facilité et parité des relations, cette accélération incontrôlable de l’excès d’information.
Dans cette boulimie virtuelle et totalitaire, la pratique effective de la médiation devient un espace marginal, à contre courant des prestations de services immédiats et des facilités oú le cadre d’un espace temps d’accompagnement des expressions (le verbal même dans ses maladresses, dans ses silences, dans ses manifestations corporelles) d’un conflit inscrit dans des relations humaines, responsables et libres.
C’est dans cet espace professionnel que je me reconnais ; c’est dans cet espace personnel que je me situe et qui me permet au-delà de l’annulation de la volonté et parole authentique même pour exprimer mes vœux, sans que « les paroles transforment les mensonges en verité, l’assassin en homme respectable et le vent en solidité » ( Orwell, 1984, Ed. Antigona, 2007)