En quête de vérité… un enfant de six ans coupable de harcèlement sexuel.

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Après un baise-main, un enfant de six ans a été suspendu de son école pour harcèlement sexuel.

http://www.huffingtonpost.fr/2013/12/12/story_n_4430415.html

L’article nous apprend que le jeune garçon a été exclu temporairement de son école après avoir embrassé sur la main une de ses camarades en pleine classe. La direction ayant considérée que cela s’apparentait à du harcèlement sexuel, le garçonnet a été exclu. En récidive il avait déjà embrassé la jeune fille sur la joue et partie prenante d’une bagarre.

Les faits sont ceux là, la direction a tranché, arbitré, condamné et fait appliquer la sentence.

Qu’en est il, quelles informations nous sont données pour pouvoir vérifier l’informations. Pour qu’une conclusion soit acceptée sans réserve, il faut pouvoir avec les mêmes éléments en arriver à la même conclusion. Des faits vérifiés, vérifiables, reproductibles constituent des preuves… enquêtons, en quête on trouvera la vérité… ou pas.

L’enfant a été plusieurs fois rappelé à l’ordre pour non respect du règlement intérieur, ce qui semble légitimer une sanction, si cela a été prévu ainsi par le règlement intérieur que chaque enfant est censé connaitre et respecter.

L’exclusion temporaire peut donc être la conséquence de ces débordements répétés. Nous arrivons bien à la même sanction.

Examinons maintenant l’accusation : « un enfant de six ans coupable de harcèlement sexuel »

Bien, ça fait peur non.

A six ans harcèlement sexuel pour un baiser sur la main et sur la joue…

Avant d’en arriver à de telles conclusions il va nous falloir cheminer.

Pour en arriver à cette conclusion l’arbitre a dû interroger les deux parties et investiguer pour avoir les éléments nécessaires. Quels seraient ils ?

Pour qu’il y ait harcèlement, il faut déjà que la petite fille ait vécu ces deux baisers comme une atteinte à sa propre personne, cette donnée ne nous est pas fournie…

Il y a peut être un moyen pour considérer qu’il y a harcèlement sans que la personne qui le subit ne s’en aperçoive.

Partons de la définition de « harceler » selon wikipedia :  » Étymologiquement, « harceler » dérive de l’ancien français « herser » signifiant « tourmenter, malmener » (fin xiie – xve siècle ds T.-L. et Gdf), comme la herse tourmente et malmène la terre. Puis le mot devient herseler puis herceler (1530, Palsgr., s.v. I harry, p. 579 « traîner ») et enfin harceler « soumettre sans répit à de petites attaques » (N. Perrot d’Ablancourt ds Rich. 1680) »

Tourmenter, malmener, soumettre l’autre à de petites attaques. Difficile de juger si un baise main et un baiser sur la joue sont considérés comme de petites attaques cherchant à soumettre ou d’agréables démonstrations de son état amoureux… pour cela il faudrait… le ressenti de la jeune fille.

Sinon… sinon quoi. Et bien si la décision a été prise malgré le fait que la jeune fille goûtait particulièrement ces attentions chevaleresques il est aisé d’en conclure que la morale personnelle de l’arbitre a primé, avant la véracité des faits et des ressentis, par réaction à quelque chose jugé d’immoral…

Mais si la décision a été motivée par la plainte de cette jeune fille qui se sentait agressée par l’empressement du jeune garçon malgré la non réciprocité du sentiment…

Si l’action incriminée est sans cesse réitérée c’est qu’elle n’a pas été comprise, c’est donc que ce garçon ne saurait pas ce que cela signifie.

Il n’y a pas de mauvais élèves il n’y a que de mauvaises méthodes.

Et une école qui punit au lieu de transmettre le savoir, le savoir être et le savoir faire devient une école pour soumettre.

L’école républicaine est censée libérer les enfants de l’ignorance et leur permettre l’autonomie de pensée, de paroles, d’agir en connaissance de cause…

La jeune fille serait coupable… C’est difficile de dire à quelqu’un qui se considère comme victime qu’elle est coupable, parce qu’elle ne l’est pas vraiment, mais par contre elle est responsable. Responsable de ne pas avoir transmis son message de manière à ce que l’autre l’entende. Si elle n’y est parvenue c’est parce qu’elle ne sait pas… Si elle ne sait c’est qu’elle l’ignore, si elle est ignorante c’est qu’on ne lui a pas appris, si on ne lui a pas appris…

Il n’y a pas de mauvais élèves il n’y a que de mauvaises méthodes.

Une école qui apprend à devenir autonome, responsable, conscient, c’est une école qui consacre la liberté individuelle.

La sanction peut être expliquée, l’intérêt pédagogique de la sanction est sujette à discussion malgré tout.

L’école permet l’apprentissage. L’apprentissage du savoir mais aussi du savoir être et du savoir faire.

Du côté de l’enfant incriminé, qu’elle est la portée… Difficile de le dire. Sauf que… Sauf qu’il était bien intentionné (pour son propre intérêt) et légitime (il avait envie d’embrasser cette jeune fille et de lui déclarer sa flamme) manifestement il a été maladroit parce que le message qu’on lui a transmis ne l’a atteint et ne lui a pas permis de prendre conscience de ce que l’autre ressentait.

Alors on accuse, on condamne, on châtie un enfant qui n’avait que pour seul objectif de transmettre de sa flamme à l’objet de son désir, le message est clair, parler de ses sentiments est inacceptable, malsain, immoral.

L’enfant, écarté de ses pairs, est mis au banc de cette société, que va t’il en apprendre.

L’école censée apprendre, dans ce cas a forcé l’enfant à la soumission aveugle et injuste, l’ignorance n’est pas une maladie, ne pas savoir, ce n’est pas être stupide, c’est être en position de pouvoir apprendre…