Les conduites de civisme sont d’actualité. Elles sont dépendantes des relations humaines qui, selon les circonstances, les lieux, le contexte, peuvent conduire très rapidement à l’incivisme et aux incivilités. Les comportements citadins sont dictés par des règles qui à défaut d’être conscientes, aboutissent à la désinhibition en particulier face à de parfaits inconnus : il est plus compliqué de mal se conduire avec un membre de sa famille, son médecin, un voisin, son pharmacien, son chirurgien dentiste, son ami… D’un point de vue pratique, nous aborderons l’adversité qui peut conduire à l’incivisme, l’altérité pour en sortir grâce à la qualité relationnelle. En conclusion, nous nous interrogerons sur la capacité de l’être humain à pouvoir inverser l’incivisme dans notre société en menant des conduites de civismes.
Episode I : l’adversité
Episode II : le conflit et les issues en adversité (samedi 14 novembre)
Episode III : l’altérité et les issues en altérité (samedi 21 novembre)
Episode IV : le paradigme de la qualité relationnelle (samedi 28 novembre)
VOUS AVEZ DIT ADVERSITE ?
Définition de l’adversité : situation de la personne soumise aux rigueurs du destin. Cette définition issue du dictionnaire apporte un éclairage réduit. Aussi, nous allons remonter aussi loin que possible et revenir aux jours actuels.
L’ADVERSITE DANS LA NUIT DES TEMPS : Il est difficile de savoir si l’adversité a commencé avec les premiers êtres humains mais en ces temps lointains, la vie était très aléatoire et soumise aux incertitudes de l’époque : le feu, la nourriture, le froid, les animaux sauvages et les hommes. L’espérance de vie était très courte et les relations entre les humains étaient dépendantes de ce qui les faisait vivre à l’époque. Il y avait la chasse et la cueillette que l’homme et son clan valorisaient au mieux pour la subsistance dans ce monde hostile. La sédentarité n’existait pas en ces temps reculés et le nomadisme était la règle générale. Des représentations proposent un empilement de 3 cerveaux aux fonctions particulières dont le reptilien spécialisé dans la survie (fuite, agressivité).
L’adversité pouvait être extrêmement soudaine, violente ou/et dissuasive car elle touchait à la survie de chacun, voir du groupe. S’il s’agit d’un animal sauvage à la recherche de nourriture humaine, le combat permet au gibier humain de s’en tirer du mieux qu’il pourra ou de périr. Aucune limite à cette adversité ne tempère ou restreint l’intensité des actes qui peuvent aisément conduire à supprimer l’animal ou l’humain jugés dangereux pour sa survie. Les catalyseurs de ces manifestations belliqueuses partent des émotions comme la peur qui déclenche la colère, qui peuvent atteindre une intensité vitale avec ce qui en découle en termes de dégâts collatéraux. A cette époque, d’autres alternatives à l’adversité sont difficiles à imaginer à moins d’abondance et de moyens de s’approprier la nourriture voulue. Des territoires peu exposés à la convoitise ou encore désertés par des bêtes sauvages prédateurs d’hommes sont susceptibles de moduler l’adversité en la réduisant. Cette possibilité ne peut être écartée même si elle reste marginale. (l’intensité de l’adversité est fonction de la liberté de conscience)
L’ADVERSITE AVEC L’HOMME MODERNE : Comment définir ce que la société, la modernité ont pu apporter à l’être humain face à l’adversité dans ce monde en évolution incessante. En préalable, un principe définit ce que l’être humain a fait pour passer de la préhistoire à la modernité. Ce principe commence par une question que les paléontologues se sont posés : « qu’est ce que l’homme a créé ou inventé réellement ? ». La réponse ne manque pas d’étonner car l’homme a créé et inventé 3 systèmes ce qui paraît peu…
- La technique comme pour faire un abri, du feu ou un satellite.
- L’élevage d’animaux que l’homme a fini par domestiquer.
- La culture, l’agriculture qui ont conduit l’homme à se sédentariser.
Lors de l’installation progressive de ces progrès, la vie des hommes s’est améliorée à bien des titres : sécurité, santé, alimentation, habitat… Les religions, les règlements, les lois avec leur lot de sanctions ont apporté une amélioration indéniable à la vie en société. L’adversité n’a pas disparu pour autant des pays, des villes, quartiers, des entreprises, des familles… Le progrès, tel qu’il peut s’envisager et se mesurer, n’a pas libéré l’homme des conflits qu’il continue de vivre. L’adversité des temps modernes n’est plus liée à une question de survie mais reste généralisée dans notre société, dans notre monde, d’un bout à l’autre de la planète. Elle fait son apparition dès que le cerveau reptilien prend le dessus, aiguillonné par la peur, l’agressivité : nous avons tous à l’esprit des comportements d’automobilistes ayant perdu leur calme et prêts à en découdre. Bien sûr et fort heureusement, il existe des êtres humains chez qui l’adversité est sous-contrôle grâce à la raison qui libère des conceptions généralistes pour ouvrir sur la situation particulière, et, le cas échéant, à un tiers expert de la qualité relationnelle.
To be continued on Saturday, November 14th 2015
Episode II : le conflit et les issues en adversité
Bonjour et merci Max. C’est tout-à-fait intéressant. Permettez-moi quand même d’ajouter un commentaire tout à la fin de ce bel article. C’est normal, c’était la fin, mais le raccourci me semble quand même très rapide en ce qui concerne les conditions résiduelles de l’agressivité aujourd’hui, et la manière d’en sortir : la raison. Ce n’est pas « faux » peut-être, mais c’est « trop court », c’est sûr : il me semble, d’expérience, que ce ne sont effectivement pas des conditions d’existence préhistoriques (que le cerveau reptilien ou un autre en ait la mémoire ou pas) qui font dominer cette « conscience » d’adversité aujourd’hui, mais ce qu’on nomme depuis plusieurs décennies (en anglais, car heureusement chez nous y’en n’a pas !), c’est « le stress » !
Alors, quel lien y a-t-il entre « le stress » et « la raison » ? Eh bien, pas le manque de conscience, non : l’éducation ! C’est l’éducation qui permet de conquérir la liberté, laquelle permet de s’élever au-dessus de conditions de vies « imposées » par une organisation sociale qui échappe aux pauvres gens, qui les dépasse. Je crois !
Bonjour Nicolas,
Je vous remercie pour ce commentaire qui ouvre un angle de vue différent et qui consiste à dire pour vous que le stress serait générateur d’agressivité et non l’inverse. Pourtant, il est établi que l’homme est un mammifère comme un autre, doué d’intelligence certes, mais réglé pour la pérennité de l’espèce donc pourvu d’agressivité, ne serait ce que pour se reproduire. Pour éclairer ce propos, la définition du stress par le dictionnaire Lexis est la suivante : « Ensemble des perturbations organiques, psychiques, provoquées par des agents agresseurs variés, comme le froid, une maladie infectieuse, une émotion, un choc chirurgical, etc. ».
Pour la raison qui est l’explication d’un fait, d’un acte, nous ne sommes pas très éloignés de l’éducation qui est le lien probable entre le stress et la raison !? L’éducation forme l’esprit du médiateur qui prend de la distance vis-à-vis de l’adversité pour mieux se tourner vers l’altérité en tant qu’expert auprès de personnes qui l’ont sollicité.
A ce stade d’autres commentaires sont les bienvenus !
Bonjour Moi-Même,
Votre conclusion est que l’éducation est la solution pour sortir de l’adversité, ce paradigme de confrontation. C’est l’objet de la détermination de la CPMN d’un projet sociétal, au delà de la profession, pour prendre part et répondre à un besoin de notre société, imaginer un autre paradigme qui permet de construire avec et non en opposition à, ce paradigme fera l’objet du prochain article et vous en trouverez les développements dans les prises de position de la CPMN http://www.cpmn.info
Merci de vos commentaires
Bonjour Max et Jérôme. Et merci de vos réponses.
Jérôme, il sera intéressant de lire l’article sur le nouveau paradigme, parce que… pas facile !
Max, pour revenir à ce qui « précède » l’inconduite sociale, que ce soit le stress dû aux conditions extérieures agressives, ou l’agressivité dûe à un manque de raison, d’éducation… on peut penser, si des sociologues ont pu nous faire imaginer que, dans les temps reculés, le besoin de reproduction – d’un point de vue « masculin »… (mâle) – devait favoriser l' »agressivité », alors aujourd’hui, c’est en quelque sorte un point de vue « féminin » qui domine, car on peut bien dire qu’il faut être au minimum un peu « sociable » pour arriver à ses fins… non ? C’est un progrès acquis en pays « civilisé » on est bien d’accord !
Mais pour élargir à « ce qui fait l’agressivité », ce qui me paraît remarquable, devant la multitude de « sans-abris » qui galèrent maintenant dans les rues de Paris, c’est que la société reste « une jungle ». Pourtant, les plus « abandonnés » de celle-ci ne paraissent pas être les plus « agressifs » : les plus « agressifs » pourraient bien être ceux qui, dans les « entreprises », se battent contre le temps pour obtenir un meilleur « rendement », abattent le maximum de tâches en le moins de temps possible, pour être les plus « performants » (peut-être ne pas se retrouver dans la rue…)
Mais l’analyse que vous proposez est intéressante : j’ai tout lu maintenant, merci ! Le plus remarquable, c’est votre capacité à simplifier, à préciser ce que souligne la médiation professionnelle : les marqueurs à repérer. Les nouveaux descriptifs que vous en faîtes, les nouveaux noms que vous leur donnez nous aideront à mieux les distinguer. La compréhension est une affaire de langage, nous parlons chacun des langues si différentes ! Merci.
Bonjour Nicolas,
Vos réflexions sont les bienvenues et poussent à la discussion. La reproduction, à mon avis, n’est pas que le fait du mâle chargé de la conservation de l’espèce car si c’était le cas, il pourrait se suffire à lui-même. Sans la femme, il ne se passerait rien et inversement. Et je suis en accord avec vous pour dire qu’aujourd’hui le côté féminin est sans doute plus présent et assumé quelque fois chez l’homme. Il est même possible de dire que cette caractéristique n’est pas inutile chez un médiateur masculin.
Pour les sans abris, ils ne sont pas tous agressifs car j’en ai rencontré quelques uns lors de mon expérience hospitalière qui excellaient dans le domaine. Ils relevaient plus de l’exceptionnel, il est vrai… L’agressivité est plus ailleurs comme vous le décrivez par exemple dans les entreprises, tous les lieux de travail finalement et pas toujours du côté des employeurs, des DRH mais aussi des employés. Ce qui provoque bien des conflits où il n’y a pas que des dominants/dominés dans un sens ou dans l’autre : ce qui donne une grande place à la médiation pour ceux qui en ont la légitimité par l’expérience, la pertinence.
Enfin votre dernière phrase sur le langage différent pour chacun d’entre nous est très concrète car c’est souvent ce qui nous oppose. Nous n’avons pas le même discours et sans posture de médiation nous pouvons très vite basculer dans le conflit.
Merci encore pour l’intérêt que vous avez porté à cet article.
Max Urvois
Je vais clarifier une ou deux choses par acquis de conscience, je suis un peu tatillon sur certains aspects il est vrai.
« le côté féminin est sans doute plus présent et assumé quelque fois chez l’homme »
Il n’y a pas de côté féminin et de côté masculin en l’homme ou en la femme, c’est une construction sociale et culturelle basée sur des rôles sexualisés attribués.
Parler de l’agressivité des sans abris ne peut que me faire réagir, si l’agressivité est présente chez un individu, c’est en réponse à une menace ou à un danger ressenti (réel ou imaginé). Il en va de même quelle que soit la personne.
Enfin, le langage différent des uns et des autres, c’est une chose de parler, c’en est une autre de parler pour que n’importe qui écoutant peut comprendre. Les stratégies et interactions en communication sont modélisées, les médiateurs professionnels ont dans leur mallette à outils le modèle SIC®.
Merci Max et Moi-même de ces échanges, merci Max pour cet article (cette série d’articles en fait) qui suscite la discussion
Les commentaires sont fermés.