Engagements des élus municipaux

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Elu du 21ème siècle : mission pédagogique citoyenne

Le représentant politique a depuis longtemps fait l’objet d’une discussion importante. Je suis tenté de plonger dans les ouvrages ressources, comme la République de Platon, mais je me retiens.

L’allégorie de la caverne est dans le livre VII. Elle est la première réflexion du genre. Elle est d’ailleurs suivie d’une modélisation de la formation des politiciens à l’usage de la rationalité et de la méthode, déjà. Le but était moins de décider pour autrui que de savoir comment accompagner les personnes dans la vie en société.

L’objectif était de vivre au mieux l’existence. Alors, c’est l’éthique de la concertation que je vous propose aussi de réfléchir.

Je vous passe donc qu’il existe depuis longtemps des préoccupations de définir comment doit être le représentant politique, ce qu’il doit faire et qui peut l’être.

La question est encore aujourd’hui toute entière. Vous saurez plonger dans les vieilles pages bien actuelles avec :

  • La République de Platon
  • Le Prince de Nicolas Machiavel
  • Le bréviaire de Mazarin
  • De l’esprit des lois, Montesquieu
  • L’homme de cour, de Baltasar Gracián

Aujourd’hui, les questions ont à peine varié. La nouvelle religion économique a renouvelé le vocabulaire, mais pas la posture. Pas le modèle de domination, avec le principe d’une souveraine décision. L’idée d’une priorité impérative reste un moyen de gouvernance. Mais ça ne marche plus comme avant.

Le représentant d’un ensemble de citoyens ne peut plus agir comme par le passé. Bien des modèles se succèdent et s’entremêlent.

Ainsi, la question de savoir si « l’élu local » doit avoir une vocation militante est passée à la trappe.

Maintenant, c’est plutôt de savoir s’il doit être un as du marketing, un spécialiste avec un joli CV, un développeur d’entreprise ? Un gestionnaire ? Tout à la fois ?

Autant de questions qui renvoient en réalité à ce qu’est une localité, une commune, la vie en collectivité, le sens de la vie sociale…

En attendant, c’est le principe de ces questions à tiroirs qui peut interroger : montrer qu’il existe plusieurs possibilités mais que la solution est dans la complexité.

Mais si en fait il ne s’agissait pas de cela : ni marketing, ni administration, ni développeur… Oui, c’est vrai que ça peut sembler incongru de reconsidérer les choses de cette manière. Mais au lieu d’insister sur des compétences qui justifient un métier avec des aspects matériels directs et des préoccupations de rentabilité, s’il s’agissait de rechercher la qualité de vie, sans les urgences de remboursement de dettes impossibles, et que l’élu devait avoir en premier lieu des savoir-faire d’animateurs de la vie publique ?

Etre élu local, ce n’est pas être un notable. En tout cas, ça aussi c’est quasiment fini.

La reproduction du fonctionnement seigneurial est de moins en moins acceptée. L’instruction de la population a favorisé l’émergence d’une société humaine pour laquelle la conscience du caractère fugitif de l’existence donne des exigences sur la qualité, le confort, le bien être, l’entente.

Pour cette organisation nouvelle de la vie en société, l’élu apparait être aujourd’hui un personnage essentiel.

Des erreurs sont commises encore avec le tout marketing et gestionnaire. Mais cette étape se heurte aussi à l’exigence de la qualité de vie.

La rentabilité n’est pas une réponse pour le bien vivre ensemble. Dans ce contexte général, l’élu a moins besoin d’exercer une autorité de décision que de favoriser l’entretien de la qualité de la vie.

Les thématiques de la vie politique

Les thématiques tournent autour de thématiques comme :

Ce que fait l’élu et la vie politique : animateur de gouvernance et de la vie citoyenne, sécurité, éducation, instruction, devise « liberté, égalité, fraternité », choix de priorité, développement économique, bien-vivre ensemble, diversité, solidarité, liberté d’expression, participation, ordre public, paix sociale, animation des centres villes, approvisionnement, commerce, communication, tourisme, emploi, loisir, production…

Beaucoup d’aspects à orienter. Beaucoup de sujets où la décision personnelle se croise et doit se distinguer de ce qui doit participer d’une décision citoyenne.

Ce qui fait : projet, démocratie, éthique, république, le modèle de gestion, la pratique de la décision, la participation, l’incitation culturelle, l’accompagnement de l’instruction, l’entretien de la laïcité

Les fondamentaux de l’organisation évoluent aussi au regard des acquis, des connaissances et des mutations sociales.

Ceux qui font : les candidats, les électeurs, les associations, entreprises, administrations, collectivités, les écoles : les personnes !

Dans le rôle des élus, il en va de la représentation que l’on peut avoir globalement du sens de la vie, et plus spécifiquement de la vie en société

Je vous le fais à la manière du modèle équivalences et similitudes : c’est des rapports étroits qu’il y a entre les questionnements philosophiques et les réponses idéologiques et les questionnements éthiques et les réponses morales et confessionnelles.

Un politicien est celui qui s’implique plus que tout autre dans la vie de la cité. Il participe à l’animation du sens de la vie en société. Il est l’animateur de l’éthique, c’est-à-dire de ce qui fait la qualité comportementale et relationnelle dans le « vivre ensemble ».

Qui peut être élu aujourd’hui ?

Certains se plaignent de la désacralisation de la vie politique. Certes, parce que comme je l’ai déjà dit, le monde n’est plus à la servilité face à un seigneur et les notables ont perdu de leur superbe.

L’autorité de fonction n’incite plus à la soumission respectueuse, et l’autorité de savoir n’a plus la même aura.

L’époque militante en a pris un grand coup. Les camps politiques porteurs d’idéologie se sont effondrés comme le mur de Berlin. Communisme et capitalisme, despotisme et démocratie, les frontières sont devenues difficiles à identifier.

La période des gestionnaires issues des grandes écoles a rencontré ses limites avec les annonces de faillites et les énormes dépenses publiques mises en place dans la crise dont les prémisses et les causes pouvaient être anticipés.

La dernière démonstration mondiale avec les décisions précipitées pour faire face au COVID19 ont ressemblé à l’usage d’un marteau pour lutter contre une mouche. Les gestionnaires y ont perdu une grande partie de leur crédibilité.

On ne peut recruter des représentants locaux sur CV, c’est une erreur ; c’est la confusion entre la localité et l’entreprise.

La démonstration a été faite : on ne gère pas une commune comme une entreprise, pas plus un pays comme une multinationale. Les citoyens ne sont pas des salariés de leur propre nation.

Une commune n’est pas une startup. Ce n’est pas non plus un paquebot, une équipe de foot ou de volley, pas plus qu’une entreprise.

S’il s’agit d’ancrer une municipalité dans une comparaison, je pourrais dire que c’est comme une famille, sauf que ce ne sont pas des enfants que l’élu a en face de lui, ce sont des adultes tout autant que lui et rien ne doit l’autoriser à s’imposer plus qu’un autre.

Enfin, il convient aujourd’hui de savoir faire vivre ensemble plutôt que de chercher à imposer.

Les vraies compétences des élus aujourd’hui s’élaborent dans cette perspective : l’entente sociale est la cheville ouvrière de l’action des élus, à tous les niveaux, dans tous les secteurs.

L’élu est avant tout un pédagogue. Il s’entoure de techniciens. Il est l’œil de la globalité. Il ne voit pas en face de lui des électeurs, des usagers, des consommateurs, des justiciables, ni des immigrés ou des administrés, il voit des personnes qui participent, chacune à leur aptitudes, capacités, compétences et aspirations à la vie de la cité.

Ainsi, être élu n’est pas un métier, pas une profession, mais un rôle, une responsabilité.

Le caractère professionnel est dans la recherche de compétences toujours plus affirmées dans le savoir déléguer, animer, motiver, impliquer, décider…

Le politicien est à la vie en société ce que l’ingrédient qui fait le lien dans une recette. Il est l’acteur de la concertation permanente. Il doit en être moins l’acteur que le garant.

Ainsi, l’élu est moins un décisionnaire qu’un médiateur de décision.

Et vous y reviendrez ...

Nous sommes dans un changement de paradigme sociétal. C’est surtout cela qui apparait de nos jours. La crise politico-sanitaire en est une expression. Mais les rejets des formes d’autorité, les réactions violentes des représentants politiques en sont autant de démonstrations.

On ne dirige plus comme avant. On ne manage plus comme avant. Le sens de la vie n’est plus perçu de la même manière qu’avant.

Une seule priorité : la vie citoyenne, parce que la vie n’offre qu’un seul mandat à chaque titulaire d’un bulletin de naissance.

Ces missions spéciales nécessitent un accompagnement pédagogique. C’est la mission que se donne l’école professionnelle de la médiation et de la négociation – EPMN.

C’est cette mission de contribution à l’entente sociale que nous partageons avec l’ensemble des acteurs de la qualité relationnelle dans nos organisations.