Vous voulez savoir pourquoi je suis l’une des 200 signataires de tribune sollicitant le déconfinement, pilotée par les avocats Thibault Mercier et René Boustany * ? Et bien je vais, avant tout, vous raconter une petite histoire et vous comprendrez…
« Un soir, alors qu’il commençait à faire nuit, Réza décida, en rentrant chez lui, de manger quelques dattes qu’il venait d’acheter sur le marché. Il en mangea une, deux et trois. En quelques minutes, il en avait mangé une dizaine tant elles étaient délicieuses. Une fois arrivé chez lui, il alluma une bougie et décida de continuer son festin mais surprise : la première datte qu’il prit, était véreuse ! Quelque peu écœuré, il la jeta. Il en prit une seconde, puis une troisième et les jeta pour la même raison.
Puis après réflexion, il éteignit la lumière et reprit sa dégustation… »
Face à une crise quelle que soit son ampleur, nous devons plus que jamais avoir la liberté de choisir parce qu’en premier lieu, il s’agit de nous-même.
Vous savez quelle est l’étymologie du mot crise ? avec une origine grecque « krisis » devenu en latin « crisis », cela voulait dire action,
puis choix et finalement ce mot permis de nommer une situation problématique. Intéressant ne trouvez-vous pas ce glissement de définition ?
La crise dite sanitaire qui nous préoccupe aujourd’hui en est une illustration bien concrète : L’individu a perdu toute liberté d’action et de choix laissant les « hautes sphères » décider de ce qui était bon ou mauvais pour sa propre santé, mais pas que… ses modalités de travail, ses modalités de consommer, ses modes d’interaction à l’autre, ses modalités de vie dans son cercle intime, avec son conjoint, sa famille, ses enfants… le monde médical rabaissé au rang des ignorants, a même perdu sa liberté d’administrer les soins qu’il estimait être les plus appropriés. L’immixtion n’a aucune limite. Relisez le livre de George Orwell « 1984 » avec l’apologie de Big Brother (film).
Quand les émotions passent aux commandes de nos comportements, la raison est utilisée pour justifier ce que l’on fait. L’éclairage est inadapté. Il fixe l’attention sur une information incidente qui dénature la relation que l’on a avec la réalité.
Cette crise sanitaire est devenue une crise économique, mais plus grave, une crise de l’intelligence. D’erreur en erreur, d’incompréhension en entêtement, nous subissons une tempête qui n’est en réalité qu’une perception de la réalité.
Pour revenir à mon histoire, Réza est un homme libre qui a usé de son choix de décider et l’a pleinement assumé. Je vous pose une question : est-ce un choix que d’accepter la servitude ?
De l’avocat que j’étais, défenseur des libertés dites fondamentales, le Médiateur Professionnel que je suis devenue, prône l’usage de la raison au service de la Liberté avec un grand « L ».
L’enjeu est de taille : une question de relation à la vie, au sens de la vie, ce bref passage insolite qui nous fait jouer sur la planète, avec le miroir de notre conscience.
Le sentiment d’insécurité est dominant pour beaucoup : peur du lendemain, peur de la maladie, de l’insécurité, de la mort, de perdre un être cher, peur de perdre son emploi, son entreprise, mais aussi… peur de l’autre car la politique sanitaire est telle que l’autre est devenu un risque sanitaire porteur de virus, bref comme un ennemi.
La rhétorique utilisée d’ailleurs va dans ce sens : gestes « barrières » alors que nous devrions plutôt dire gestes prophylactiques ; le terme de « distanciation sociale » nous met à distance par rapport au monde qui m’entoure ! Résultat : chacun se méfie de tout le monde ce qui fait un tissu social éclaté et un climat bien délétère. Le cercle familial et intime est éclaté. On privilégie un commerce plutôt qu’un autre au motif qu’il serait de « première nécessité » sans toutefois toucher aux grandes surfaces. Dire à un restaurateur, un coiffeur, un bijoutier, un libraire, un marchand de jouets ou bien d’autres qu’ils exercent une activité qui n’est pas de « première nécessité » revient à dire qu’ils sont inutiles et ne contribuent pas au bien-être de la société ; par un tel raisonnement, ils se retrouvent privé du sens qu’ils avaient donné à leur vie – ce qui est bien plus grave que les difficultés économiques rencontrées.
« Soyez résolus de ne plus servir, et vous serez libres » avait écrit Etienne de la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire.
Toutes ces raisons expliquent ma signature pour le retour inconditionnel des libertés. La liberté n’est jamais malade, c’est l’imagination qui est en déroute. Le slogan des Médiateurs Professionnels est plus que jamais d’actualité : « Subir ou choisir, c’est vous qui décidez ! ». Nous serons toujours là pour accompagner tous ceux qui le souhaiteront pour cheminer vers cette voie.