Le conflit social dure, les diverses parties endurent, les positions s’endurcissent à mesure que le temps file entre les doigts des patients, spectateurs.
La direction de la clinique et les représentants CGT des personnels de la clinique s’affrontent et si les négociations ont été nombreuses et les tentatives de médiation bienveillantes, rien n’y fait. Les points de vue ne changent pas.
Pourtant, les indices étaient présents qui annonçaient déjà un échec de la situation, mais si les indices, de l’extérieur, étaient visibles, certains aspects auraient dû être anticipés pour qu’ils soient efficaces.
Le dialogue social est basé sur le dialogue, mais souvent on écoute pour répondre et pas pour entendre.
Deux raisons, les propos heurtent une position défendue, soit parce que ceux qui écoutent ne sont pas en capacité de passer outre la forme, soit parce que ceux qui énoncent ces propos ne sont pas préparés pour les énoncer de manière à être perçus par une partie non préparée à les recevoir.
Facile, de l’extérieur, de tirer des conclusions a posteriori, soit, néanmoins, certains indices auraient alerté un médiateur professionnel.
Tout d’abord, s’agissait-il de médiation ou de négociation, à la lumière des différents articles de presse, la confusion est totale, le médiateur négocie, propose, impose, reprend les propositions d’une partie… Négociation ou médiation, il faut choisir.
Ensuite, si la confusion existe, elle existe aussi pour les parties en conflit, sont-elles d’ailleurs en conflit au sens de la définition de la médiation professionnelle ?
Des représentants de salariés prennent en main les faits rapportés par les salariés et en déduisent des revendications plus ou moins partagées par les salariés sur des bases qu’ils estiment propres à imposer une négociation. Ces négociations ont lieu et les positions s’arc-boutent.
Là il n’est plus question de négociation, là on ne sait plus si le conflit est entre les personnes en présences, chauffées à blanc par les personnes qu’elles représentent et par l’adversité, la compétition, la surenchère entre les acteurs qui s’affrontent sur l’arène. Les enjeux divergent, la confrontation se cristallise, et la médiation ensuite tentée est un échec.
Un échec ? Mais pourquoi ?
Les représentants sont ils en mesure de mettre en place les accords trouvés lors des réunions collectives ou sont-ils soumis à une validation extérieure, l’indépendance des personnes est-elle réelle ou alors s’agit-il de négociateurs qui agissent sous le contrôle d’autres. En médiation, si les parties en présence ne sont pas les décideurs, il faut néanmoins que les accords qui sortent des échanges s’imposent aux décideurs finaux, c’est à dire que les décideurs doivent transférer leur pouvoir décisionnel. Seconde possibilité, Les parties présentes peuvent faire appel à un expert (la direction de la clinique, la direction du syndicat) afin d’avoir un avis technique, tout en gardant la capacité de choix final, avec l’accord des directions de se soumettre à l’accord ainsi trouvé.
N’étant pas dans les arcanes des pouvoirs, difficile de savoir si ces conditions étaient remplies. Si elles ne l’étaient pas, point de médiation possible. C’est une des premières choses que le médiateur doit faire, identifier les parties (réelles et décisionnelles) en présence.
Si les conditions d’une médiation étaient remplies, et que l’échec est tout de même advenu, il faut voir au travers du peu d’éléments en notre possession si des indices étaient présents.
« Des grévistes qui refusent de négocier sur les bases des recommandations du médiateur », ça fait beaucoup de raisons d’échec en une seule phrase. Le médiateur a fait des recommandations, s’il propose une solution, ce n’est plus un médiateur, c’est un conciliateur, un négociateur, mais plus un médiateur, il coupe ainsi la relation de confiance qui existait entre les parties et lui. Fin du médiateur.
Une médiation est ensuite imposée par le directeur du travail par le biais d’un autre médiateur (évidemment). Cette obligation de médiation, qui s’apparente au droit à la médiation bien qu’ici il s’agit de l’imposer aux deux parties, donc une obligation d’aller en médiation, doit répondre aux critères d’une médiation.
Quels sont les enjeux ?
Quelles sont les parties prenantes ?
Quelles sont les personnes qui ont la capacité à faire adhérer aux solutions trouvées en médiation aux personnes qu’elles représentent ? Qui est libre dans ces choix et qui dépend d’une autre autorité.
Que sera le premier travail du médiateur. Et bien il s’agit tout d’abord d’informer chacune des parties sur comment va se dérouler la médiation, sur les différentes possibilités offertes en parallèles de la médiation, il agit enfin afin d’obtenir l’implication de chacune des parties.
Avant même de commencer la médiation, il faut recueillir et favoriser l’implication des parties dans un processus qu’elles identifieront comme la façon la plus pérenne de sortir d’une situation qui les contraint, de sortir librement d’une situation qui jusque là était laissée à la merci de celui qui a l’argument sine qua none. Remettre les parties au même rang, sans grade ni qualité qui rend l’autre inférieur.
Avec un médiateur de la CPMN, un médiateur professionnel, la médiation n’aurait sans doute pas eu lieu, en tout cas pas dans ces conditions. Un médiateur professionnel aurait pu transférer des outils visant à promouvoir la qualité relationnelle afin de ne pas arriver à des situations de blocages violents.
Alors que faire pour sortir de l’impasse aujourd’hui ?
Le plus simple, le plus rapide, le plus efficace serait sans doute de désigner de nouveaux interlocuteurs pour une négociation, élus par les parties, un pour les salariés, un pour la direction. De mettre carte sur table les possibilités de chacun, celles qui remettent en cause l’existence de la clinique, celles qui ont pour conséquence une modification de la structure, celles qui permettent un accord rapide, celles qui n’ont même pas besoin d’être discutées tant elles semblent évidentes pour tout le monde.
De préparer les représentants en leur inculquant les principes de bases de la qualité relationnelle, de leur donner les pleins pouvoirs ou au moins la capacité à prendre la décision finale après avoir eu la voie consultative de leur conglomérat. Une négociation à laquelle seraient conviées des personnes préparées pour optimiser la qualité relationnelle. Vient ensuite le choix entre négociation et médiation, dans ce cas, c’est selon moi une négociation avec un négociateur qui gère la négociation et un médiateur professionnel, qui accompagne les parties en qualité relationnelle.
Bien sûr, les personnes qui étaient en face à face lors des épisodes précédents vont se sentir désinvesties de leur mission, peut être même se sentiront-elles trahies, ces personnes devront être soutenues par leur organisation (syndicale, patronale…) et/ou faire une clarification avec un médiateur professionnel.
Je l’ai précisé plusieurs fois dans cet article, un médiateur oui, mais un médiateur professionnel, c’est parce que je suis médiateur professionnel que j’ai cette analyse, les médiateurs d’autres formations n’ont peut être pas la même analyse, le même point de vue. Cette analyse est basée sur le Code d’Ethique et de Déontologie de la Médiation que seuls les membres de la CPMN se sont engagés à respecter.
Je vous livre les x articles de presse et les éléments sur lesquels je me suis basé, une vraie série de télévision.
En 2010, le mouvement de grève avait paralysé la clinique du Pont de Chaume pendant 18 jours.
Le 23.10.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/10/23/2203362-greve-a-la-clinique-des-chaumes.html
La mobilisation porte à la fois sur la non-revalorisation des salaires depuis plus de 5 ans, mais les grévistes dénoncent aussi la dégradation des conditions de travail
Dans ces conditions il est impossible de négocier»
Un constat partagé par le directeur de la clinique du Pont de Chaume, Gauthier Escartin, qui considère que les exigences des grévistes sont inacceptables. «La CGT nous demande une augmentation de salaire de l’ordre de 2 millions d’euros ce qui est plus important que le bénéfice de la clinique
Le 28.10.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/10/29/2206487-les-negociations-ont-avorte-et-la-greve-se-durcit.html
L’annonce de l’arrivée à Montauban de Mme Arrabe, DRH du groupe Vedici avait fait naître une lueur d’espoir
Une demi-heure plus tard, les négociations étaient rompues et les grévistes en colère envahissaient le bureau de la direction. «Le directeur nous a accueillis avec mépris. Il joue la montre et ne veut rien lâcher. Il est impossible de négocier dans ces conditions. Dès demain matin, c’est le blocage total»
Le 31 octobre 2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/01/2208218-clinique-pont-chaume-negociations-ont-repris-prefecture.html
Le directeur a fui ses responsabilités. Il a même fui la clinique en prétextant des menaces. Les négociations ont lieu à la préfecture en présence du directeur du travail
Les grévistes ont fait appel à un médiateur
le groupe Vedici avait dépêché, cette fois, à Montauban, son directeur général Laurent Chiche qui est arrivé à la préfecture avec deux responsables des ressources humaines, mais sans son directeur de la clinique de Montauban Gauthier Escartin
2.11.2015 troisième semaine de grève http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/02/2208915-troisieme-semaine-greve-clinique-pont-chaume.html
refonte de la grille salariale, une prime annuelle de 500 € par salarié, plus une prime exceptionnelle de 500 € pour 2015 et de meilleures conditions de travail.
A la demande des salariés, le préfet a nommé, samedi, un médiateur en la personne du directeur du travail
«On a beaucoup échangé sur la situation de la clinique. Je pense que beaucoup de choses avaient échappé au directeur-général. Maintenant, on va voir dans quel état d’esprit les négociations vont reprendre. Si du moins, la direction entend toujours les reprendre ce matin»
Une visiteuse dit son agacement « En ce moment, les grévistes prennent les malades et leurs familles en otage »
5.11.2015 Réunion de la dernière chance http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/05/2211119-reunion-de-la-derniere-chance-aujourd-hui.html
Les jours se suivent et se ressemblent
Brigitte Barèges a décidé de s’immiscer. «Il n’y a plus d’Etat ! 40 grévistes bloquent l’accès à la clinique et l’Etat ne bouge pas. Le préfet doit faire respecter l’ordre public. Il a même demandé à ce qu’on ferme la clinique !».
Le Préfet répond que la reprise du dialogue social. Le directeur du Travail s’y emploie avec difficulté.
Les grévistes abordent ce 15e jour de grève avec la même détermination qu’au départ et se disent prêts à négocier, mais sur les bases de leurs revendications.
7.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/07/2212457-la-clinique-du-pont-de-chaume-toujours-paralysee.html
«Les propositions de la direction ont été perçues comme une véritable provocation. Au lieu de répondre à nos revendications, pourtant clairement exprimées, notamment sur l’amélioration des conditions de travail, la direction veut accroître notre productivité. La direction n’entend pas les salariés, elle estime que nous devrions travailler encore davantage pour améliorer la rentabilité financière de la clinique au profit des actionnaires» commentent les délégués syndicaux
Les négociations devraient reprendre lundi.
Un conseiller municipal d’opposition fait part de son soutien sans faille aux grévistes et appelle les Montalbanais à les soutenir dans leur combat, tandis que l’association de patients Renaloo dit stop à la prise en otage des patients dialysés.
Le 13.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/13/2216306-rupture-entre-direction-grevistes-pont-chaume.html
La colère monte à la clinique du Pont de Chaume.
Les grévistes qui entament leur 23e jour de mobilisation, ont refusé hier soir, à la préfecture, de négocier avec la direction sur la base des recommandations livrées le jour-même par le médiateur
la plupart des recommandations retenues par le médiateur sont issues des propositions faites par la direction
Gauthier Escartin, directeur de la clinique du Pont de Chaume : Le médiateur a bien cadré ce qu’on voulait. C’est un bon document pour se remettre autour de la table.
«On ne veut plus avoir Garcia comme médiateur, s’énerve l’un des grévistes »
Selon la CGT du centre hospitalier qui a publié le dernier rapport du CHSCT, «les agents (de l’accueil des urgences) travaillent en sous-effectif et de façon continue». Une situation alarmante pour le syndicat qui a décidé avec FO et la CFDT d’organiser une assemblée générale le 19 novembre à 14h30 (dans les locaux syndicaux) sur les conditions de travail à l’hôpital.
Le 14.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/14/2216778-clinique-du-pont-de-chaume-des-negociations-incertaines.html
«On sait que c’est possible. Selon le rapport des experts Secafi commandé par le médiateur, la clinique va bien financière»
«ce sont les dernières négociations possibles car le médiateur est le dernier recours. Alors s’il y a arrêt des négociations, ça s’arrête là». Et du côté des grévistes de lâcher : «On va continuer ! Il faut qu’on soit entendu…»
Le 19.11.2015 un nouveau médiateur nommé http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/19/2220442-un-nouveau-mediateur-a-ete-nomme.html
Avocat, enseignant spécialisé dans la médiation et médiateur auprès de la cour d’appel
«Si les uns et les autres n’acceptent pas de faire un pas vers l’autre, on n’y arrivera pas»
Selon la direction : On a tout de même eu le directeur du travail comme médiateur. On avait fait, nous, des propositions et eux, de leur côté, ils n’ont rien accepté.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, une trentaine de grévistes a dormi , la nuit dernière, dans le hall d’accueil de l’établissement. et ce, malgré les menaces «Ils ont dû recevoir des consignes.»
Le 20.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/20/2221171-un-conflit-sans-fin-c-est-catastrophique.html
Le nouveau médiateur rencontre aujourd’hui les deux parties, les délégués CGT le matin, la direction, l’après-midi.
l’ancien médiateur a tenté une médiation conventionnelle avec l’accord des parties. Là, la possibilité qui est donnée au préfet par le code du travail, c’est d’imposer une médiation qui n’est pas soumise à l’accord des deux parties. Elles sont obligées de participer à la médiation même si ce n’est que pour dire qu’elles ne proposent rien.
Hors la médiation, ce n’est pas de la négociation. La médiation, c’est d’explorer d’autres voies par le biais d’un tiers.
Un conflit, il faut le traiter et donc je vais essayer de les convaincre.
La médiation n’a pas été inutile. Même si celle-là échoue, ce n’est pas la fin de l’histoire. Eux, vont continuer à travailler ensemble. Mais je suis optimiste sinon, je ne ferai pas de la médiation.
Le 25.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/25/2223968-clinique-la-mediation-a-encore-echoue.html La médiation a encore échoué.
«J’ai le sentiment que les salariés grévistes ont fait des ouvertures, confie Michel Sabatté, mais pas la direction. Elle n’a fait aucune proposition.»
la clinique ne peut pas répondre aux demandes des grévistes car elle serait aujourd’hui en déficit à cause de la grève.
«On appelle les grévistes à la raison. La CGT ne se bat pas pour eux mais parce qu’il y a bientôt des élections dans la clinique. Elle a décidé d’amener tout le monde droit dans le mur.»
Pour sortir de ce conflit qui dure depuis 34 jours, la CGT en appelle désormais au ministère de la Santé et donc à l’ARS (Agence régionale de santé), «les seuls à avoir les moyens de faire pression sur la direction»
On attend donc que l’Etat joue son rôle et protège la population et donc les salariés. Il faut que la direction daigne négocier et non imposer.»
Mais comme le médiateur l’a rappelé, «c’est dans l’intérêt ni des salariés en grève, ni de la direction que le conflit ne prenne pas fin car il rebondira quelques temps après».
Le 27.11.2015 http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/27/2225649-la-clinique-du-pont-de-chaume-sous-tension.html
Hier, la tension était montée d’un cran à l’entrée de la clinique
Résultats : Patient qui pousse un cégétiste au sol, médecin qui menace, chauffeurs de taxi qui sont prêts à en venir aux mains
«On s’est aperçu que dès qu’on refusait l’accès aux voitures, il y avait des réactions
«J’ai rencontré le directeur et le sous-directeur de l’ARS pour leur expliquer que maintenant, il n’y aurait plus de négociations. On lèvera le blocage que s’il y a un accord, prévient Christophe Couderc, délégué CGT. On a déjà revu 4 fois à la baisse nos propositions, il faut qu’on arrête de se moquer de nous.»
«Il y a quelque chose qui s’est cassé entre nous et la direction ainsi que les cadres… On sait très bien que lorsqu’on va reprendre le travail, cela va être très tendu et qu’on nous attend au tournant…»
Le 28.11.2015 énième échec de la médiation http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/28/2226370-clinique-enieme-echec-de-la-mediation.html
La médiation a échoué. La raison : un blocage total des deux parties sur trois points.
la médiation devenait contre-productive en raison du blocage des parties pour deux raisons. «D’une part, les partenaires en conflit se sont rencontrés parce que le médiateur leur a demandé de le faire avec insistance, développe-t-il. Et enfin, la médiation entretient l’idée que la solution ne peut venir que d’un tiers sauf qu’elle est entre leurs mains. Je reste convaincu qu’ils finiront par se rencontrer lorsque les circonstances les obligeront.»
Le 30.11.2015 Après les dialysés d’en appeler à la raison, ce sont les médecins qui s’immiscent dans le conflit http://www.ladepeche.fr/article/2015/11/30/2227603-la-lettre-ouverte-des-medecins.html
Nos patients sont otages, et victimes.
Il est temps que cesse ce conflit dont personne, à terme, patients, personnels non médicaux et médicaux ne sortira vainqueur».
Depuis cet article, une négociation avec les 2 médiateurs qui avaient essayé a été mise en place, reprenant finalement une partie de ce que je prônais, mais une partie seulement. Les parties n’ont manifestement pas été préparée en amont, les positions restent défendues bec et ongle. Une certaine évolution néanmoins semble visible, qui laisse espérer : une grève de la faim a été lancée par 4 salariés qui va raccourcir les délais, d’autant plus que Noël approche et qu’il vaut mieux un accord pendant la trêve des confiseurs qu’un conflit au moment des fruits confits… Vendredi soir, les négociations ont… Read more »
C’est maintenant à Paris que ça se passe
un accord en ligne de mire ?
http://www.ladepeche.fr/article/2015/12/11/2235577-clinique-paris-a-pris-le-relais-dans-le-conflit.html